A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
Ce serait possible de réagir de manière méprisante en indiquant que le statut d’œuvre culte du livre lui vient d'abord du film de Tarkovski et pas du jeu vidéo
Si la reconnaissance du Film de Tarkovski n'est pas à débattre, je doute fortement, extrêmement fortement qu'elle soit à l'heure actuelle plus grande que celle du jeu vidéo. Si on devait interroger des gens au hasard, combien parlerait d'abord du livre ? puis du film ? et enfin du Jeu vidéo ?
A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
ou encore qu'il n'est pas impossible que les "défauts" puissent tous être résumés par le fait qu'il s'agit d'un roman appartenant à ce genre mystérieux de la littérature, où la question des "Personnages" ou de "l'Univers" est assez secondaire. Stalker ça se compare à En attendant Godot, pas à Star Wars.
Je connais pas ce genre, et si ce fameux "genre mystérieux" existe bel et bien, alors je me dit que ce serait un genre de roman assez curieux que celui ou il n'y a pas d'intrigues, pas de personnages, pas d'univers, et manifestement pas de style si on se réfère à la traduction française, le néant total. la comparaison avec "En attendant Godot" est assez curieuse car contrairement à ce que vous laissez entendre, Vladimir et Estragon sont bel et bien des vrais personnages, au sens qu'ils sont dotés d'une véritable personnalité, contrairement à ceux qu'on trouve dans Stalker.
A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
Peut-être plus juste de souligner que les défauts que tu signales pourrais être appliqués à d'autres auteurs, qui ont un statut assez proche, genre Lovecraft avec la même conclusion : si vous avez aimé les jeux vidéos ou les jdr, c'est pas sûr que vous aimiez les livres.
Premièrement Lovecraft (que j'ai lu en version originale anglaise) écrivait bien, il était pas extraordinaire mais en tous cas il écrivait mieux que le traducteur français de Stalker (Je ne sais pas ce que vaux la prose originale russe). En dépit de son manque total de subtilité, on peut sentir l'émotion qui se dégage de la prose dans Lovecraft, dans Stalker cette prose est complètement morte, elle ne retranscrit aucune émotion, elle est morte en plus d'être volontairement confuse.
Ensuite pour ce qui est du traitement de l'univers, la comparaison est en partie justifiée, mais assez curieuse car Lovecraft met bel et bien les pieds dans le plat en montrant frontalement des créatures du mythe, ce que ne font jamais les strougatski.
Si l'appel de Cthulhu avait été écrit par les frères Strougatski, on aurait juste eu l'histoire d'un type qui demande à un autre type dans un bar ce qui est arrivé à ces marins disparus au large des côtes de l'amérique du sud, ce à quoi l'autre type lui aurait répondu que peut être qu'il est possible qu'ont ait vue des choses étranges dans ces mers, mais qu'il est pas sûr. Je pense pas qu'on aurait gagné au change.
Bref, la différence entre Lovecraft et Strougatski, c'est que Lovecraft arrive à faire ressentir le sentiment de malaise profond face à l'immensité de l'univers, quand même c'est fait de façon peu subtile. Les Strougatski eux, se contentent de faire le constat que décidément l'univers est très étrange, et n'en font jamais rien avec pour rendre le récit plus intéressant, du coup ben au lieu de ressentir quoi que ce soit ben on ne peut que hausser les épaules, le tout est enrobé dans un verbiage pseudo intellectuel travestit en dialogue socratique.
A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
De manière encore plus générale, j'ai l'impression, et c'est un peu triste, que le côté non-américain, non-sauce hollywoodienne de la littérature des Strougatski souffre forcément des catégories de classement qui sont issues de cet univers dominant. Un peu comme si Roger Ebert était devenu l'alpha et l'oméga de l'analyse. Je dis pas que tout est à jeter, mais disons que ça place le sommet de la montagne à l'échelle d'une taupinière (dans un truc sur la littérature soviétique, il fallait faire une référence à Marx !).
Je ne sais pas ce que tout ceci est censé vouloir dire ? Si c'est censé sous-entendre que je reproche à Stalker de ne pas être écrit comme un blockbuster hollywoodien, alors c'est faux. Je ne connais pas grand chose de ce fameux Roger Ebert si ce n'est son nom, et je ne sais pas pourquoi on viens l'invoquer ici.
Je n'ai pas besoin d'aller chercher dans les respect ou pas, des règles arbitraires de Science Fiction américaine pour justifier de la non-qualité de Stalker. Ce n'est pas un mauvais livre parce que c'est une mauvaise œuvre de Science Fiction, c'est un mauvais livre parce qu'il est tout simplement mauvais.
A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
Stalker, c'est un des romans les plus réussis sur l'expérience véritable d'un contact avec une civilisation ET, c'est-à-dire sans ce moment "explication" qui est là pour rassurer le spectateur/lecteur.
Mon désaveux de Stalker ne vient pas du fait qu'aucune explication n'est fournie sur la Zone ou sur les extra terrestre, je ne suis pas un simplet, j'ai bien compris qu'en faire de tel ruinerait les fondements l’œuvre. Ce qui m'énerve au plus au point, c'est que contrairement à ce que vous dites, ce n'est certainement pas une histoire de "contact avec une civilisation" parce qu'en ne voulant strictement rien nous montrer, pire en rendant volontairement le propos confus, les Strougatski refusent purement et simplement de traiter le sujet. Ces trois cents pages sont uniquement dédiées au fait de tourner en rond. Ce n'est pas une histoire sur les extra terrestres, c'est une histoire sur des gens qui discutent des extra terrestres, sauf que la forme n'est pas intéressante, et le fond non plus, en somme les auteurs n'ont finalement rien à dire sur leur sujet.
A.Fontbonne a écrit : ↑23 nov. 2025, 05:11
Après aussi, si vous aimez pas manger de la cendre, ça peut se comprendre lol.
????
Bref, l'expérience de la zone est bien plus intéressante quand elle est vue au travers du média filmique, ou joué au travers du média ludique, que quand elle est lue dans le média littéraire. Car les Strougatski ne font finalement pas grand chose si ce n'est de l’esbroufe maquillée en "mystère" ou en "surréalisme".