
J'ai donc poursuivi ma découverte des Papyrus à peu près dans l'ordre (selon les albums disponibles à la médiathèque) avec le 17, Toutankhamon, le pharaon assassiné, et le 19, Les Momies maléfiques. Deux albums très différents dans leur atmosphère et leur approche.

Toutankhamon, le pharaon assassiné est résolument du côté de l'historique, comme son titre l'indique bien ; mais il a recours à un fantastique directement puisé dans les croyances égyptiennes pour livrer le fin mot de la mort du pharaon en question, dont il va revenir à Papyrus et à Théti-Chéri de défendre la tombe contre des pillards nombreux et sans scrupules. Chose nouvelle dans la série, on en apprend enfin un peu plus sur la famille de Papyrus. Le dessin est du De Gieter en pleine forme, avec de superbes vues des sarcophages de Toutankhamon.

Les Momies maléfiques est beaucoup plus léger et lorgne nettement du côté des films d'aventure pulp ou d'horreur tournant parfois au grand guignol. L'intrigue est vite posée : Papyrus et Théti-Chéri sont poursuivis par de maléfiques momies envoyées par un dieu Seth courroucé. Le reste est un enchaînement de situations tour à tour effrayantes ou comiques, mais plutôt bien menées, à un rythme enlevé. J'ai reconnu les ficelles présentes dès les premiers tomes de la série (avec une mythologie traitée de manière plus superficielle, voire ici franchement comme un simple prétexte), mais, bizarrement, l'album m'a tout de même laissé une impression de fraîcheur et d'une certaine personnalité distincte par rapport aux albums précédents, sans doute en raison de la part très importante donnée à l'action et de la structure de son intrigue ramassée sur une durée particulièrement courte. L'ensemble est sûrement moins inoubliable que d'autres albums, mais reste une lecture sympathique.

Du côté d'Alix, j'ai lu le tome 11, Le Prince du Nil. On m'avait prévenu que, dans ses albums situés hors d'Italie, Jacques Martin racontait parfois un peu n'importe quoi. Mais, là, on atteint des sommets, pas seulement en termes de distance avec la documentation, mais aussi en matière de choix narratifs. L'album aurait pu s'appeler Le Prince du kitsch ! Entre les complots improbables, les personnages et les rebondissements qui rappellent davantage les opéras péplums façon Aïda que la véritable histoire égyptienne, les personnages féminins toujours amoureuses d'Alix et qui meurent invariablement à la fin, et les pluies de météorites aussi arbitraires que sélectives, Jacques Martin ne s'embête vraiment pas avec la vraisemblance ou l'originalité. Restent un dessin toujours aussi minutieux et des dialogues à la rhétorique grandiose, sans oublier les dessins d'hommes fortuitement dénudés, certes pas désagréables à regarder selon les goûts et pas dénués d'un charme désuet touchant (mais quand Alix se mettra-t-il enfin en couple avec Enak ? Quand je pense que la série continue toujours, je me demande si ça a enfin été dit).