Votre livre de chevet

[Ohtar Celebrin]

On parle de moi ?

Je le note pour qu'il aille rejoindre ma p.a.l

Oui, même si le contexte est très éloigné d'YP, le passage et les relations entre le pays dormant et le paus vif devrait te parler !

[kynan²]

Pour ceux qui s'en inquiétaient, je viens juste (genre hier) de recevoir le Conte de l'Assassin, qui passe donc instantanément en haut de ma PAL, section prioritaire.

[Oswald]

Pour ceux qui s'en inquiétaient, je viens juste (genre hier) de recevoir le Conte de l'Assassin, qui passe donc instantanément en haut de ma PAL, section prioritaire.

Hâte d'avoir ton retour kynan² ! Très bonne lecture à toi !

[Oswald]

Je viens d'achever Tolkien et ses légendes de Isabelle Pantin qui complète généreusement les ouvrages qui j'ai précédemment évoqué. Dans sa construction, les chapitres et leurs sous parties sont très bien fait. Plusieurs points m'ont semblé assez intéressants :

- La volonté pour la fantasy de "la sortir du ghetto de la jeunesse"
- Les liens avec la tragédie grecque notamment pour l'histoire de Turin

Et enfin et surtout la somme de détails autant triviaux que parfois d'une grande profondeur qui simulent parfaitement le plausible, le probable et le cohérent c'est-à-dire au fond, le réel. J'en cite quelques uns ici :

- "Sam ne cesse de se tracasser en pensant à ce qui peut se passer sans lui au village"
- Les personnages observent attentivement les phases de la lune, ou gagnent les hauteurs pour embrasser un vaste horizon, c'est toujours pour calculer le temps, pour s'orienter, pour réfléchir au chemin qu'ils vont prendre ou encore pour comprendre comment le lieu où ils se trouvent peut s'insérer dans la géographie du monde connu.
- Gandalf qui reproche à l'intendant du Gondor de se conduire "comme ces rois païens qui se suicidaient en assassinant leurs proches pour adoucir leur propre mort. Cela m'a immédiatement penser à La Mort de Sardanapale de Eugène Delacroix.

Ces trois exemples très diverses renvoient aux préoccupations très humaines de Sam, aux difficultés à trouver sa route ou encore comment clôturer sa vie. À mon sens, c'est leur côté "quotidien" et "simple" qui rend l’œuvre vivante là où le dernier exemple touche plus tragique.

[Ohtar Celebrin]

Je suis en train de lire le fameux Les soldats de la mer de Yves et Ada RÉMY (5e édition chez Dystopia)

C'est une très bonne lecture jusqu'à présent

J'y apprend un mot nouveau pour moi :
VALÉTUDINAIRE

C'est toujours un plaisir d'apprendre de nouveaux mots et expressions.
Nous devrions faire un recueil ! !

[Usher]

A mes yeux, Les Soldats de la mer est un classique de la littérature de l'imaginaire française. Un livre original qui se situe à la frontière entre littérature fantasy et littérature fantastique. La fin, en outre, permet de porter un nouveau regard sur la composition de l'ensemble du roman.

[Cuchulain]

Oh j'avais lu ce livre sur les recommandations d'Usher voilà bien longtemps ! (L'avant dernier forum je crois ?) Je vais jeter un coup d'œil à cette nouvelle édition.
Quant à "Valétudinaire" je l'ai appris grâce à notre cher LS aka Xyrop.

[Eunostos]

Je suis en train de lire le fameux Les soldats de la mer de Yves et Ada RÉMY (5e édition chez Dystopia)

Un duo qui m'intrigue depuis un bon moment. Merci pour les avis, je vais me procurer l'un de leurs livres.

De mon côté, je me suis lancé dans À la pointe de l'épée d'Ellen Kushner. Ça manœuvre quelque part entre Jane Austen (pour l'attention portée aux sentiments et aux tractations familiales) et Alexandre Dumas (pour les duels et les complots de cour), avec un détournement queer de stéréotypes qui me réjouit profondément. Il y a une scène d'attaque de carrosse dans la forêt qui mérite de filer tout droit vers une anthologie des littératures de l'imaginaire.

Divulgâchis d'un passage situé dans le premier quart du livre :
Débauché par deux connaissances qui l'ont à peu près convaincu de se faire bandit de grand chemin le temps de joindre les deux bouts, Richard Saint-Vière voit descendre du premier carrosse qu'il détrousse un jeune homme qui n'est autre que l'élégant noble dans les bras duquel il a passé quelques nuits durant la saison passée. Au lieu de le menacer ou de le blesser comme les autres le réclament, il s'enveloppe avec lui dans son manteau et annonce qu'il le "met hors d'état de nuire"... ce qu'il fait finalement au moyen d'un baiser appuyé, jusqu'à ce que les autres, impatientés, assomment la victime pour la délester de ses dernières richesses.
/ Fin du divulgâchis

Seul problème : je le lis dans la traduction française et, même si ça me fait de la peine pour les éditions ActuSF de le dire (j'ai acheté le livre parmi les "indispensables" de leur catalogue que je voulais être sûr d'avoir, et aussi pour les soutenir, en apprenant leur disparition quasi certaine), c'est un massacre. C'est traduit avec les pieds et du papier calque. Et ce n'est pas le premier livre de ce traducteur qui me fait saigner les yeux de cette manière.

[Godo]

Je lis Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, qui me fait l'effet d'une logorrhée sur la ruralité d'un randonneur globalement indifférent aux paysages qu'il traverse, à aucun moment il ne parle des réalités du bivouac, faire un feu, monter la tente, ramasser des herbes, à aucun moment je le sens en harmonie avec le moment présent, dans cet accord que suscite une forêt ou un panorama. Juste, il pontifie, complètement à côté de la plaque. Alors oui, son bavardage est bien écrit, plaisant parfois, mais je crois qu'il m'est nécessaire de le picorer pour éviter un trop grand agacement.

[Usher]

J'avais vu (et non lu) Sylvain Tesson dans La Panthère des neiges, le très beau film de Marie Amiguet. Il s'agit d'un long-métrage mi-carnet de voyage, mi-documentaire animalier. Il montre l'expédition du photographe Vincent Munier et de Sylvain Tesson sur les hauts plateaux tibétains pour essayer de filmer la panthère blanche de l'Himalaya, animal aussi superbe qu'insaisissable. (Et un brin effrayant quand même, quand les marcheurs finissent par découvrir des carcasses dévorées aussi grosses qu'un homme…)
Si l'on peut aussi voir ce film comme une ode à l'amitié, j'avais été frappé par le décalage entre le photographe et l'écrivain. Vincent Munier faisait preuve en toute circonstance d'une sérénité absolue, qui lui permettait des affûts interminables dans la contemplation de la nature. On voyait bien que Tesson n'avait pas sa patience et des fourmis dans les jambes. Mais j'avais surtout trouvé une différence dans le propos tenu par les deux hommes. Munier avait un discours simple et factuel ; Tesson faisait des phrases, partait dans des envolées lyriques ou pseudo-philosophiques délivrées sur un ton sentencieux en complet décalage avec l'ouverture tranquille au monde de son compagnon. Cela ne m'avait pas donné envie de lire du Tesson.

Soit dit en passant, et bien que ce soit hors-sujet dans ce fil, je recommande vivement le visionnage du film de Marie Amiguet. C'est une splendeur – et toute mon admiration à la réalisatrice, qui a crapahuté avec les duettistes pendant des mois sur les hauts plateaux du Tibet sans jamais se montrer à l'écran. L'opposée de Tesson, en quelque sorte !

[Eunostos]

Tesson, j'ai testé il y a quelques années avec Dans les forêts de Sibérie puis le Petit traité sur l'immensité du monde. Au début, son évocation de ses voyages, des paysages, des rencontres étranges, était assez engageante. J'étais dans une période de lecture de récits de voyage et je venais de lire Kapuściński, Mes voyages avec Hérodote puis Ébène. Mais Tesson n'est ni au niveau de Kapuściński (alors qu'on sent qu'il ambitionne de l'être) et à vrai dire il n'a pas grand-chose à dire... S'il s'en tenait à raconter ce qu'il a vu et vécu en tant que voyageur, ça pourrait aller. Mais il montre assez vite de l'orgueil et se prend pour ce qu'il n'a pas les épaules d'être. Il s'écoute énormément parler — malheureusement, il se regarde boire, aussi — et son propos devient filandreux. Le résultat est une enfilade embarrassante de clichés et de tentatives de bons mots assez creux, où des sorties réactionnaires pataugent comme des croûtons rassis dans une soupe de lait caillé. J'ai quitté ses livres avec l'envie de lui recommander une reprise d'études et les coordonnées des Alcooliques anonymes.

Quelques années après, la parution du livre François Krug, Réactions françaises : enquête sur l'extrême droite littéraire m'a confirmé qu'en plus d'être sans intérêt, cet auteur avait à ce point échoué à s'instruire sur la diversité des sociétés humaines lors de ses voyages qu'il fréquentait la lie du paysage politique français et suisse, ce qui a achevé de m'ôter l'envie de lui faire gagner des sous. Moralité : rien ne sert de voyager, si l'on oublie d'ouvrir les yeux.

[Oswald]

Nous avons du Tesson à la maison mais je n'ai jamais ouvert un de ces livres, Madame apprécie semble-t-il ou du moins est victime de la curiosité et du battage littéraire qui est fait autour de lui. Il m'a toujours semblé être l'antithèse d'un Titouan Lamazou dont les peintures me ravissent. Mais je crois que l'un et l'autre méritent un zeste de considération à la vue des risques et des périples entrepris comparés aux gens du quotidien, en tous cas, cela force quelque peu mon respect, moi qui suis un homme du quotidien.

Pour ma part, j'ai découvert Roland Barthes via son analyse Sur Racine qui m'a fait très grande impression et qui était pour moi une façon de découvrir Racine avant de le lire. Si quelqu'un a d'ailleurs, une très bonne exégèse de Shakespeare, je suis preneur également. Barthes résume ainsi le théâtre de Racine : "B n'échappe à A [qui a tout pouvoir sur lui mais qui l'aime] que par la mort, le crime, l'accident ou l'exil ; lorsque la tragédie est oblative (Mithridate) ou réconciliée (Esther), ce n'est que par la mort du tyran (Mithridate) ou celle d'une victime expiatoire (Aman). Mais aussi "Le monde, pour le héros racinien, c'est une opinion publique, à la fois terreur et alibi." que je trouve totalement d'actualité.

Par ailleurs je viens de débuter La Légende de Sigurd et Gudrún de J.R.R. Tolkien, dont la beauté m'échappe encore à l'heure actuelle.

[kynan²]

dont la beauté m'échappe encore à l'heure actuelle.

Ouch, c'est joliment écrit, mais dur. Pas encore lu pour ma part, je me garderais d'une opinion

[Oswald]

dont la beauté m'échappe encore à l'heure actuelle.

Ouch, c'est joliment écrit, mais dur. Pas encore lu pour ma part, je me garderais d'une opinion

Mon propos n'est pas une critique, plus un aveu de ma part. Pour étayer ma remarque, ce n'est pas une attaque ni du style de Tolkien ni même du traducteur. Comme l'auteur, son fils en l’occurrence, écrit beaucoup mieux que votre serviteur sur la matière première ayant servi à l’œuvre : "Il est singulièrement exact ici de dire qu'un jugement et une appréciation réels de ces poèmes - dont le caractère obscur et difficile est tel que seul le travail dévoué de nombreux philologues les a rendu accessibles - dépendent de la maîtrise personnelles des questions critiques, métriques et linguistiques qu'il soulève."

En réalité, cela pose le vieux débat qui est peut être encore enseigné en philosophie : qui apprécie le mieux une œuvre, le profane ou l'expert ?

[Godo]

J'ai lu Et on tuera tous les affreux de Vian. Mouais, un peu trop hypocritement racoleur pour être tout à fait divertissant. (la lourdeur de cette phrase, je l'assume, ouais, ouais, jusqu'au bout, au bout du bout, et je vous en remets une couche si vous trouvez ça long. Qui a dit comme Macron ? D'ailleurs, vous trouvez pas que Vian et Macron se ressemble vachement physiquement ?)