Bestiaire à l'étymologie greco-latine

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Oswald
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Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Oswald »

Bonjour à tous,

Je me permets d'ouvrir ce post en pleine période estivale car je suis en pleine élaboration de faune et de flore. Naturellement j'aimerais singer nos amis botanistes et paléontologues pour le bâtir afin d'avoir quelque chose "d'authentique".

Je prends l'exemple suivant concernant le Tyrannosaure :

"Le nom de genre dérive, par l'intermédiaire du latin, des racines grecques τύραννος / túrannos (« maître », « tyran ») et σαῦρος / saûros (« lézard »). Quant à l'épithète spécifique rex, elle signifie « roi » en latin. Osborn lui attribua cette appellation car ce fut un prédateur impressionnant, avec des griffes et des dents particulièrement développées. Le nom binominal complet Tyrannosaurus rex peut être ainsi traduit par « roi des lézards tyrans »"

Je sais qu'il y a parmi nous des nobles âmes ayant embrassé la fonction de professeurs, j'aurais juste aimé savoir s'il y avait des règles à ce type de construction et si vous connaissiez des dictionnaires en ligne efficace ?
Merci pour ceux qui prendront le temps de me répondre.

PS: Si ce post n'est pas à sa place, n'hésitez pas à me le signaler.
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Usher
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Usher »

A ma connaissance, il n'y a pas de lois spécifiques à la création noms taxinomiques en général. (C'est différent pour la taxinomie scientifique, dont je ne maîtrise pas toutes les subtilités disciplinaires.) Tout au plus peut-on reprendre les usages ordinaires qui permettent de créer des néologismes morphologiquement bien formés (avec préfixes et/ou suffixes adéquats). Soit dit en passant, si le nom "tyrannosaure rex" claque et est parfaitement passé dans l'usage, je le trouve un peu mal foutu, avec un composé de deux racines grecques et un nom latin. Cela étant, bon nombre de racines grecques sont historiquement passées en latin, mais faire ce mixage a posteriori sans qu'il ait été induit par l'usage dans l'antiquité, c'est un mélange un peu bizarre.

Les dictionnaires à consulter sont les dictionnaires étymologiques ou les dictionnaires de langues anciennes. (S'il est facile de trouver des dicos en ligne de latin et grec vers le français, les dictionnaires de "thème" du français vers les langues anciennes me semblent très difficiles à trouver.) Tu peux toujours fouiller sur Lexilogos.

En créant ta taxinomie fictive, je t'invite à te poser cette question : dans l'univers, s'agit-il de noms vulgaires ou de noms savants ? Ils ne seront pas du tout formés de la même façon s'ils sont vulgaires (avec une forme plus "romanisée", c'est-à-dire infléchie par l'usage de la langue du moyen âge) ou s'ils sont savants (avec des racines antiques beaucoup plus identifiables).
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Oswald
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Oswald »

Merci pour ta réponse rapide Usher.

Pour l'heure, je cherche surtout à ancrer dans l'esprit du joueur un bestiaire particulier (sans le noyer non plus). Un nom comme celui du Minotaure est tellement ancré qu'on n'a plus besoin de faire une périphrase, et c'est exactement ce que je cherche à obtenir et ce de manière vraisemblable.

Pour l'univers, je pense que j'aurais besoin de former des noms vulgaires, mais cela me semble bien plus complexe que des noms savants, non ?
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kynan²
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par kynan² »

Tu crées ton "nom savant", puis tu le tritures un peu pour le rendre plus court, plus facile à prononcer ou à mémoriser. Exemple "Tyrannosaurus Rex" devenant "T-rex".
Par contre tu nous laisses dans un flou concernant ledit bestiaire et la culture qui y fait référence ?
Pour "le" Minotaure, il est supposé unique. Un peuple d'humanoïdes à tête de taureau pourrait avoir un nom du type "Têtes à cornes" ou "Tauriens", "Meugleurs", voire "Fils d'Apis".
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Usher
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Usher »

La composition de néologismes appartenant à une langue populaire est plus compliquée mais c'est loin d'être infaisable (si du moins on s'affranchit de certaines lois complexes d'évolution de la phonétique).

Voici une méthode pour essayer de créer des néologismes qui ont un cachet de mot ancien. Tout d'abord, forger son néologisme de façon conventionnelle avec des racines anciennes toujours utilisées en français. Si ces racines sont grecques, les remplacer par des racines latines.
Dans un dico étymologique ou dans le Trésor de la Langue française, chercher des mots de la même famille (donc issus de la racine employée) pour remonter jusqu'à une forme ancienne, médiévale ou Renaissance. (Attention, le français de la Renaissance multiplie à plaisir les lettres muettes qui ne seront d'aucune utilité dans la forgerie d'un néologisme appartenant à une langue populaire.) Agglutiner les racines en recourant éventuellement à l'épenthèse, c'est-à-dire l'ajout d'une sonorité euphonique, pour donner du naturel à la jonction des racines, par exemple une voyelle entre deux consonnes ou une consonne entre deux voyelles. Ne pas hésiter à recourir à des amuïssements si le néologisme paraît trop long ou trop difficile à prononcer : aphérèse (suppression d'une ou plusieurs lettres initiales), apocope (suppression d'une ou plusieurs lettres finales) ou syncope (suppression d'une syllabe complète).

Voici deux exemples de néologismes ainsi forgés par simple agglutination de formes anciennes de français.

Tout d'abord, le célèbre "ours-hibou" de D&D devient "urshybou" (à partir de la forme du Xe siècle de "l'urs" et de l'orthographe rabelaisienne du "hibou" ; j'ai écarté le "huiboust" attesté en 1530, dont les deux lettres finales sont manifestement des lettres muettes ajoutées pour enjoliver le mot à la mode antiquisante.)

Ensuite, le tricératops qui devient "trescornuel". J'ai remplacé les trois racines grecques par trois racines latines et leur dérivé en ancien français : tri --> tres (forme rare de trois), cérat --> corne (avec amuïssement du e) et ops --> uel (forme XIIe siècle de oil, qui a donné œil).
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kynan²
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par kynan² »

:D
Français courant : triturer
Français soutenu : aphérèse, amuïssement, épenthèse, métaplasme...

Moi je propose le plantibeccos ("plantigrade à bec") pour l'ours-hibou, tiens.
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Oswald
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Oswald »

Usher a écrit : 17 juil. 2023, 09:20 La composition de néologismes appartenant à une langue populaire est plus compliquée mais c'est loin d'être infaisable (si du moins on s'affranchit de certaines lois complexes d'évolution de la phonétique).

Voici une méthode pour essayer de créer des néologismes qui ont un cachet de mot ancien. Tout d'abord, forger son néologisme de façon conventionnelle avec des racines anciennes toujours utilisées en français. Si ces racines sont grecques, les remplacer par des racines latines.
Dans un dico étymologique ou dans le Trésor de la Langue française, chercher des mots de la même famille (donc issus de la racine employée) pour remonter jusqu'à une forme ancienne, médiévale ou Renaissance. (Attention, le français de la Renaissance multiplie à plaisir les lettres muettes qui ne seront d'aucune utilité dans la forgerie d'un néologisme appartenant à une langue populaire.) Agglutiner les racines en recourant éventuellement à l'épenthèse, c'est-à-dire l'ajout d'une sonorité euphonique, pour donner du naturel à la jonction des racines, par exemple une voyelle entre deux consonnes ou une consonne entre deux voyelles. Ne pas hésiter à recourir à des amuïssements si le néologisme paraît trop long ou trop difficile à prononcer : aphérèse (suppression d'une ou plusieurs lettres initiales), apocope (suppression d'une ou plusieurs lettres finales) ou syncope (suppression d'une syllabe complète).

Voici deux exemples de néologismes ainsi forgés par simple agglutination de formes anciennes de français.

Tout d'abord, le célèbre "ours-hibou" de D&D devient "urshybou" (à partir de la forme du Xe siècle de "l'urs" et de l'orthographe rabelaisienne du "hibou" ; j'ai écarté le "huiboust" attesté en 1530, dont les deux lettres finales sont manifestement des lettres muettes ajoutées pour enjoliver le mot à la mode antiquisante.)

Ensuite, le tricératops qui devient "trescornuel". J'ai remplacé les trois racines grecques par trois racines latines et leur dérivé en ancien français : tri --> tres (forme rare de trois), cérat --> corne (avec amuïssement du e) et ops --> uel (forme XIIe siècle de oil, qui a donné œil).
Ah oui, c'est une sacrée recette ! Un merci est plus que de rigueur. Donc... mille mercis !

Je dois dire que le Trescornuel m'a fait penser à tricorne. Comme quoi une même idée initiale peut aboutir à des choses bien différentes !

Une feuille, un crayon et quelques dictionnaires et c'est parti. J'ai hâte de voir les résultats.

PS: Kynan², ton aparté m'a arraché un ricanement bien involontaire :D
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Oswald
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par Oswald »

J'ai réalisé quelques essais et voici ce que cela donne :

Auravaque : Ora rivage ; Vacca vache

Longrostre : Longus long ; Rostrum cou

Hadrove : Hadro fort ; Ovis le mouton

Je ne suis pas mécontent, surtout du premier qui fait très vraisemblable, les deux autres peut-être moins. Bien sûr il faudra étoffer par des descriptions, et les conséquences d'avoir de telles animaux exploitables pour certaines civilisations dans un JDR. Cela m'a pris un peu de temps de tâtonner ainsi. Je voulais vraiment faire passer une idée avec une certaine "esthétique" du mot.

Mais je valide ta méthode sans trembler du menton Usher, elle est au poil. Même si pour le dernier j'ai triché avec hadro qui est une racine grecque. :P
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kynan²
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Re: Bestiaire à l'étymologie greco-latine

Message par kynan² »

Oswald a écrit : 20 juil. 2023, 07:29Mais je valide ta méthode sans trembler du menton Usher, elle est au poil.
Poil au menton, visiblement. 8-)
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