Une bonne série pour la soirée

[Caracalla]

Merci pour les éclaircissements ! On oublie trop souvent la partie navale.

À ce propos, France culture diffuse en ce moment une très chouette émission enregistrée au musée de la Marine par Jean Lebrun, "Les batailles navales qui ont changé le monde". Le 7e épisode, très bon, est consacré justement à la guerre d'indépendance américaine jusqu'à la Chesapeake.

[Belphégor]

J'ai cru comprendre qu'il y avait des sérievores chevronnés ici, ce qui n'est pas mon cas, en vrai je suis vraiment pas fan du format série. Mais il arrive que parfois je me laisse tenter, je voulais avoir votre avis sur la série "Warrior"



Basée sur un script originellement écrit par Bruce Lee, c'est l'histoire des tongs dans le San Francisco des années 1870. Du coup çà vaut le visionnage ou pas ?

[Rom1]

C'est absolument excellent.

[Usher]

Une série historique intéressante à voir, tout particulièrement en cette période d'incertitudes politiques aux USA (et en France) : Manhunt, sur Apple TV, adaptée du livre de James L. Swanson : Manhunt : The 12-Day Chase for Lincoln's Killer.

Contrairement à ce que le titre pourrait faire miroiter, c'est tout sauf un western et s'il s'agit d'un polar, c'est un polar historique, aussi déroutant qu'intéressant. Manhunt suit l'action d'Edwin Stanton, secrétaire à la guerre du gouvernement des Etats-Unis, au moment de l'assassinat de Lincoln et dans les jours qui suivent. En parallèle, la série s'attache aussi au parcours de l'assassin du président, John Wilkes Booth.

La conspiration ayant mené à l'assassinat de Lincoln cinq jours après sa victoire sur la Confédération est présentée pour ce qu'elle fut : une conjuration de bras cassés revanchards et esclavagistes. Booth, acteur de seconde zone qui se prend pour un tyrannicide, est un prototype de personnalité narcissique atteinte de mégalomanie, dont la médiocrité ronflante ne trouve d'aboutissement que dans un assassinat désormais inutile. Edwin Stanton se lance sur ses traces : enquête dépaysante, dans une Amérique encore dépourvue de FBI, où le Secret Service créé quelques jours avant l'assassinat de Lincoln a piteusement échoué… C'est donc le secrétaire à la guerre qui prend en charge l'enquête, motivé par son amitié pour Lincoln mais handicapé par un certain nombre de difficultés : son incapacité à déléguer, son asthme, ses partis-pris voire ses conflits d'intérêt…

A travers la traque lente de l'assassin – Booth s'est cassé la jambe lors de l'assassinat et se traîne douloureusement au cours de sa fuite – est brossé un tableau des USA au sortir de la guerre de Sécession, avec son racisme endémique, la survie des réseaux confédérés, les inégalités persistantes entre blancs et noirs, la trahison de la politique de Lincoln par Andrew Johnson, son vice-président devenu son successeur. La reconstitution soignée de l'Amérique du XIXe siècle n'empêche pas de percevoir tous les échos avec la situation actuelle.

[Xaramis]

J'ai vu des annonces préalables à la diffusion d'une mini-série française (6 épisodes de 52 minutes) inspirée de Fortune de France, les romans de Robert Merle dans la France des guerres de religion.
De quoi appâter des joueurs pour Te Deum pour un massacre ?

Le dossier sur le site de France Télévision :
https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/67137099

[Rom1]

Josée Dayan aux manettes ?

[Xaramis]

Josée Dayan aux manettes ?

Oui, bien sûr, et Arielle Dombasle en Catherine de Médicis.
Après tout, ce duo avait déjà massacré Dumas avec Milady (avec la complicité de Florent Pagny en d'Artagnan).

Pour Fortune de France, je reconnais ne pas vraiment connaître les œuvres respectives de ceux qui sont à la réalisation, au scénario ou dans la distribution.
J'aborderai donc la série sans préjugés.

[Xaramis]

Franklin retrace le séjour que fit Benjamin Franklin en France de 1776 à 1785, en tant qu'émissaire du Congrès américain, afin de solliciter l'alliance de la France contre l'Angleterre pendant la guerre d'Indépendance, puis de négocier la paix avec l'Angleterre au terme de la guerre.

Il faut que j'essaie de trouver cette série !

[Xaramis]

Je renchéris : le soutien de la France aux tout jeunes Etats-Unis fut capital. La bataille navale de la Baie de Chesapeake, en 1781, fut une victoire de la flotte française du comte de Grasse sur la flotte britannique de l'amiral Graves. (On oublie trop souvent que la Royale remporta des victoires sur la Navy !) Et cette victoire permit aux forces franco-américaines (où les effectifs français étaient plus nombreux que les effectifs américains) de refermer le siège sur les troupes britanniques de Yorktown, d'amener lord Cornwallis à la reddition, ce qui provoqua en définitive la reconnaissance des Etats-Unis par l'Angleterre.

Donc, oui, le soutien français aux Insurgents fut déterminant. Avant que la France n'apporte son soutien financier, logistique puis militaire aux Américains, ceux-ci enchaînaient les défaites…

La marine sous Louis XVI a bien relevé la tête par rapport à la période précédente, en termes de financement, d'organisation, de rationalisation de la conception et de la construction navales, même si elle souffre encore, par rapport à sa rivale - la Royal Navy - d'une accession aux commandements par l'ancienneté plutôt que par le mérite et la valeur à la mer.
Cette marine française ne remportera pas de "bataille navale" (flotte contre flotte) vraiment décisive sur le plan de la destruction des capacités navales anglaises (pas d'équivalent de ce que seront les victoires anglaises d'Aboukir ou de Trafalgar, 20 à 25 ans plus tard). Mais, elle obtient quelques beaux "matchs nuls", voire des victoires marginales (elle prend aussi quelques déculottées, comme la bataille des Saintes, dans les Antilles). Et elle mène des opérations combinées "navalo-terrestres", dont certaines sont de beaux succès, dans diverses parties du globe.
Et, surtout, en forçant le blocus anglais entre Indes occidentales et France continentale, ou en opérant - au contraire - le blocus des forces anglaises combattant dans les "Colonies" américaines, elle pèse sur le plan stratégique de cette "guerre d'indépendance américaine".

[TomwLG]

Je suis en train de regarder succession. C'est vraiment très bien. Les personnages sont complexes et les situations inspirantes (en termes de jeu, parce qu'en réalité, c'est juste écœurant)

La saison 3 est un peu moins bonne je trouve mais comme la série n'en compte que 4, je vais aller au bout.

[Usher]

J'abonde (tardivement) : Succession, c'est vraiment très bien. Une plongée shakespearienne dans une famille de connards malfaisants et, surtout, très pathétiques. Paradoxalement, on finit par s'attacher à certains de ces personnages si méprisables. La deuxième saison possède une vraie dynamique de tragédie.

Pour aborder un autre type de connards, à la fois géniaux et insupportables… En ce moment, on regarde Rematch, mini-série de Yann England. Elle a pour sujet les deux matchs de Garry Kasparov contre Deep Blue, en 1996 et 1997. C'est absolument passionnant. La série condense de nombreuses thématiques : l'ego d'un champion, l'obsession, la stratégie, les enjeux financiers, technologiques et médiatiques de l'événement. La mise en scène, rythmée et inventive, rend palpitantes les parties d'échecs. On plonge régulièrement en focalisation interne dans l'esprit de Kasparov qui anticipe les différentes combinaisons possibles ou, au contraire, qui est déstabilisé par des mouvements de l'ordinateur qui ne semblent répondre à aucune logique. On suit également les tensions au sein de l'équipe d'IBM, où cadres, informaticiens et grands maîtres d'échecs n'ont pas forcément les mêmes approches stratégiques et éthiques de l'affrontement.

C'est palpitant et très intelligent. Grand Prix Séries Mania 2024.

[Xaramis]

Dans un reportage sur ce sujet, j'ai appris que certaines personnes chez IBM auraient franchi des frontières de la morale pour obtenir à tout prix que Deep Blue vainque Kasparrov, avec la complicité de gens proches de Kasparrov.

[Usher]

Une autre bonne série qu'on regarde en ce moment : Dopesick, de Danny Strong, produit par Hulu et Disney+

La série est tirée d'un livre reportage de Beth Macy sur la crise des opioïdes aux Etats-Unis et sur le rôle délétère, pour ne pas dire criminel, qu'a joué Purdue Pharma en commercialisant l'OxyContin et en le présentant comme un antalgique non addictif.
Dopesick a pour ambition de montrer à différents niveaux la crise sanitaire provoquée par la diffusion de l'OxyContin, antidouleur opiacé fortement addictif. La série montre donc la stratégie (et les dissensions) de la famille Sackler, propriétaire de Purdue Pharma ; son lobbying tous azimuts ; le marketing agressif de ses visiteurs médicaux ; les compromissions au sein de la Food & Drug Administration ; la diffusion des prescriptions au sein du corps médical ; l'addiction irrésistible qui s'empare de patients ayant pris de l'OxyContin pour traiter des douleurs modérées ; la mise en place de trafics ; la montée de la criminalité et des troubles à l'ordre public provoquée par l'addiction au médicament… Et tous les obstacles que rencontrent une directrice adjointe de la DEA et l'équipe d'un procureur pour essayer de mettre un frein à cette filière légale de trafic de drogue.
La série est passionnante à suivre sur les stratégies employées par un grand groupe industriel pour intoxiquer le corps médical et les institutions, en usant de manipulations, duperies et corruption. Elle est absolument glaçante sur les ravages exercés par les opioïdes dans la population. Certains arcs narratifs sont consacrés à un médecin rural (joué par Michael Keaton, à contre-emploi et tout à fait remarquable) et à ses patients ouvriers qui se retrouvent inexorablement piégés par le marketing de Purdue Pharma, deviennent dépendants à la suite d'accidents sans gravité et connaissent une descente aux enfers. La transformation de gens ordinaires en junkies est rendue de façon réaliste, impressionnante, particulièrement tragique.
Une série rude et d'utilité publique – l'OxyContin est toujours prescrit en France…

[Rom1]

Je l'ai regardée aussi il y a quelques temps et c'est... vraiment... oui, glaçant comme tu dis. D'autant que la série est vraiment bien écrite et interprétée.
Il y a sur Netflix une série qui raconte la même histoire, je ne l'ai pas vue mais je suis curieux de voir ce que ça donne.

[Cuchulain]

En un peu plus léger (mais qui aborde des sujets importants) je vous conseille : "Lidia fait sa loi" ou "La legge di Lidia Poët" en VO sur Netflix.

Elle raconte de manière romancée la via de Lidia Poët la première femme avocate d'Italie qui exerça à Turin dans les dernières du 19e siècle. C'est une série policière, judiciaire et historique. Outre la qualité intrinsèque d'écriture des personnages on a plaisir à suivre les enquêtes de Lidia, ses démêlés avec la société patriarcale d'alors et son combat pour l'égalité des droits.

Le personnage principal démontre de manière éclatante qu'on peut avoir un personnage féminin fort (elle est intelligente, rusée et volontaire tout en sachant occasionnellement jouer de ses charmes avec ses interlocuteurs masculins pour mieux arriver à ses fins) tout en respectant l'histoire (globalement) et sans en faire une amazone ou une mary-sue !

Deux saisons sur Netflix à voir en VO (malgré mon côté celte j'ai un gros faible pour l'Italien, je dois avoir des ancêtres éduens )