Votre livre de chevet

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Usher
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Re: Votre livre de chevet

Message par Usher »

Pour détourner Hippocrate : ars longa, vita brevis. Le temps du livre n'est pas celui de la vie.
Et je refuse régulièrement des propositions, parfois foutraques, parfois très sérieuses, afin d'éviter de me disperser. Encore une pas plus tard que la semaine dernière, d'ailleurs.
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Oswald
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Re: Votre livre de chevet

Message par Oswald »

Usher a écrit : 21 févr. 2025, 12:38 Pour détourner Hippocrate : ars longa, vita brevis. Le temps du livre n'est pas celui de la vie.
Et je refuse régulièrement des propositions, parfois foutraques, parfois très sérieuses, afin d'éviter de me disperser. Encore une pas plus tard que la semaine dernière, d'ailleurs.
C'est à la fois inquiétant et rassurant. Je pense que l'essentiel reste que tu y prennes goût et que tu m'amuses.

Pour ma part, je viens d'achever la lecture, puis le fichage de L'anatomie du scénario de John Truby, scénariste américain. Naturellement ce côté, écrire pour vendre, car un scénario qui marche est un scénario qui se vend (pour Truby), se ressent à travers toute l’œuvre. Est-ce que cela lui retire ses qualités intrinsèques ? Absolument pas à mon sens et si j'y souscris en partie sans y succomber totalement.

Avec 600 pages d'ambition, Truby prétend nous aider à analyser un scénario/roman qui fonctionne d'un qui ne fonctionne pas, comprendre : trier le bon grain de l'ivraie grâce à ses propres grilles de lecture. Pour lui, la structure en 3 actes ne permet pas à ceux qui le veulent de rédiger une histoire qui tient la route, car les besoins élémentaires ne sont pas remplis. Il propose ainsi sa propre méthode basée une expérience de scénariste et de script doctor de plus "d'un milliers de scenarii", en vingt-deux étapes, dont 7 sont indispensables. Quelles sont-elles ?

- Prise de conscience, besoin et désir
- Spectre et univers du récit
- Faiblesse et besoin
- Évènement déclencheur
- Désir
- Alliés
- Adversaire, mystère
- Faux allié
- 1 rebondissement-révélation-décision : modification du désir et motivations
- Plan
- Plan de l’adversaire et principale contre-attaque
- Dynamisme narratif
- Attaque par un allié
- Défaite apparente
- 2eme rebondissement- révélation-décision : modification du désir et motivations
- Révélation pour le public
- 3eme rebondissement- révélation-décision : modification du désir et motivations
- Porte étroite, fourches caudines et rencontre avec la mort
- Confrontation finale
- Prise de conscience du héros
- Décision morale
- Nouvel équilibre

L'essentiel du livre, et c'est appréciable à mon sens, se dédie aux personnages et à la structure à grand renfort de films et de livres. Par ailleurs, il distingue un besoin psychologique (qui n’affecte que lui) et un besoin moral qui implique la nécessité d’apprendre à agir correctement envers les autres du personnage principal et leurs effets sur l’œuvre ; il propose de nombreuses clefs pour dynamiser le récit. Si bien souvent, on a l'impression de lire des choses allant de soi, il serait orgueilleux de se dire qu'on y aurait pensé par soi-même. Le businessman vendeur de masterclass, n'est pas que cela, il est aussi un formidable analyste et démontre une dernière fois ses capacités dans l'analyse en passant au crible la scène magistrale qu'est l'ouverture du Parrain de F.F. Coppola. Je recommande à tous les curieux qui passeraient en librairie d'au moins feuilleter ce passage.

Je pense qu'il influencera durablement ma manière de créer des personnages de JDR, et de créer de la dramaturgie tout autour d'eux et des joueurs, ce qui manque souvent au sein des campagnes proposées à la vente. Pour le moment, je débute Lamartine et son copieux Voyage en Orient, si quelqu'un a déjà lu l'une de ses œuvres, je serai curieux d'avoir un retour ou un sentiment.
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Usher
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Re: Votre livre de chevet

Message par Usher »

Je suis en train de lire l'édition de textes choisis de H.P. Lovecraft parue récemment dans une nouvelle traduction dans la collection de la Pléiade.
En d'autres termes, je suis en train de relire des nouvelles et des novellas que je n'avais plus lues depuis vingt-cinq à trente ans. Expérience assez intéressante, justement en raison du hiatus temporel, et peut-être aussi en raison du prisme de la nouvelle traduction. J'ajoute que je parcours avec curiosité l'appareil de notices et de notes. Leur intérêt est variable, mais il y a quand même beaucoup de précisions intéressantes sur la genèse des textes et les références qui les nourrissent.

Deux choses m'ont vraiment frappé au cours de cette relecture. Deux choses puissamment contradictoires, d'ailleurs.

D'abord, le racisme. Je m'en souvenais pourtant parfaitement, mais à la relecture, c'est encore plus manifeste et plus repoussant que par le passé. Les nouvelles fourmillent de termes comme "nègres", "bâtards", "basanés" et l'un des motifs récurrents de l'horreur est l'hybridation. C'en est au point que j'éprouve parfois de véritables scrupules à poursuivre ma lecture.

Simultanément, je suis frappé par le génie de certains textes. Non qu'ils soient parfaits : il y a chez Lovecraft des défauts et des tics si typiques qu'ils en deviennent caricaturaux… Mais quelle puissance dans l'imaginaire et dans la composition de certaines fictions ! Je viens de terminer la relecture du Cas Charles Dexter Ward (anciennement traduit L'Affaire Charles Dexter Ward) et cela reste à mes yeux un classique absolu qui fait la synthèse entre le roman de détection, le roman fantastique, avec une petite influence du roman épistolaire, tout en préparant le jeu de rôle et la scénographie de l'horreur au cinéma. Le Cas Charles Dexter Ward, c'est vraiment le scénario parfait pour L'Appel de Chtulhu : une palanquée d'indices, une documentation historique et ésotérique extrêmement fouillée, l'exploration du repère souterrain d'un nécromancien démoniaque, des pertes de santé mentale. Pour ce qui est de l'influence sur le cinéma, Lovecraft est remarquablement doué dans l'utilisation du hors-champ pour suggérer l'épouvante. En outre, l'œuvre est magnifiquement structurée : sa composition forme une épanadiplose narrative (la fin du récit reprend les motifs du début) qui épouse formellement la structure magique de la tête de dragon et de la queue de dragon au cœur du récit, ainsi que la palingénésie impie du sorcier Joseph Curwen.

Bref, trente ans plus tard, mon dilemme de lecteur ressort amplifié : le racisme de Lovecraft me paraît encore plus insupportable et son génie encore plus indiscutable.
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Belphégor
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Re: Votre livre de chevet

Message par Belphégor »

Est-ce qu'il y a des gens ici qui ont lus La Trilogie Hussite d'Andrzej Sapkowski (l'auteur de The Witcher ?) le pitch me botte parce qu'en ce moment je fais une razzia sur les livres de Fantasy historique. Du coup çà vaut quoi ?
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Re: Votre livre de chevet

Message par Galwayan »

Céline Ghys - Jules Verne contre Némo

Amiens 1882. Installé depuis plus de 10 ans dans la ville, le grand écrivain voit son quotidien bouleversé par un tueur en série : en effet, celui-ci signe ses crimes en utilisant le pseudonyme du fameux personnage du roman "20 000 lieues sous les mers" paru quelques années plus tôt. Désireux de mettre fin à cette série de crimes et de punir cet insupportable provocateur, l'écrivain commence son enquète et il rencontre rapidement un policier aussi bourru que compétent, puis il recevra l'aide un peu plus inattendue d'un jeune journaliste.... qui n'est autre que sa nièce, obligée de se déguiser en homme pour pouvoir exercer son métier. Cet improbable trio devra se méfier car le criminel, se sachant traqué, risque fort de s'en prendre à eux....
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Belphégor
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Re: Votre livre de chevet

Message par Belphégor »

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Aujourd'hui j'ai finis le premier tome du bâtard de Kosigan après m'en être languis pendant des années parce qu'il était en bas d'une pile à lire qui faisait la taille de la tour Eiffel, et que je voulais terminer les modules Neverwinter Nights dont il était tiré. Le JV en question était parvenu à me tenir en haleine grâce à son histoire et certainement pas grâce à son gameplay qui était tout simplement calamiteux (Mais ce n'est pas la faute de Cerutti). Le récit reste passionnant à lire même si la prose de Cerutti est disons plus … utilitaire que celle d'un Jaworski par exemple, ce n'est pas rebutant mais un peu dommage car certains passages auraient surement gagnés à avoir des descriptions plus étoffées. J'ai des réserves cela dit sur le jonglage des deux temporalités car c'est un peu le bordel d'avoir les deux récits en parallèle, il n'est pas garantis que lors d'une seconde lecture je me contente de skipper les passages du XIXe siècle. Le personnage principal du dit bâtard me laisse également dubitatif car on est quand même sur un syndrome Mary Sue (je sais pas c'est quoi l'équivalent masculin) parce que le gars est : Fort, Intelligent, Beau Gosse, Charismatique, Érudit, Séducteur, Grand Stratège, sacrément bien membré et qu'en plus il est le dernier descendant d'une lignée légendaire avec des pouvoirs mystiques top délires méga trop cools ; si on me demandait là maintenant tout de suite quel défaut à le bâtard je serais bien incapable de vous répondre ; on essaie bien de nous faire croire que c'est un connard mais il l'est d'une façon très romantique façon "Han Solo" ; et par dessus le marché toutes les gonzesses (ou en tous cas celles qui aiment les hommes) se jettent à ses pieds, à un moment j'ai bien cru m'être trompé et avoir acheté par accident "Le Queutard de Kosigan". Y a également des ficelles que j'ai trouvé très grossières comme par exemple le coup des dictaphones médiévaux euh pardon je veux dire des pierres magiques qui enregistrent les pensées des gens, sans doutes parce que l'auteur était en sueur lorsqu'il s'est rendu compte que le point de vue du bâtard ne suffirait pas.

C'était globalement pas mal, pas mal du tout en fait puisque je n'ai pas réussi à poser le livre (les 500 pages se sont faites engloutir en une semaine), même si çà ne manque pas de défauts, on verra bien ce que çà donne sur la durée.
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Belphégor
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Re: Votre livre de chevet

Message par Belphégor »

Et donc au menu aujourd'hui : "Le Fou prend le roi" deuxième tome du cycle du bâtard de Kosigan.

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Je pensais pas le lire aussi tôt mais le bouquin que j'avais en cours était tellement nul que je l'ai lâché, et quand je lâche un truc parce que c'est nul il me faut immédiatement de la bonne came après, donc je me suis jeté sur ce tome 2 assez vite. Pour l'instant je ne pense pas que ce cycle est un chef d’œuvre mais en tous cas il est suffisamment intéressant pour qu'on ait envie d'en voir le bout.

Ce livre adapte le tout premier module Neverwinter Night nommé "Les lions diffamés" et en reprend la trame quasiment à l'identique, si ce n'est en changeant des détails anecdotiques, à l'exception d'un seul dont je parlerais par la suite. Un module auquel j'y ai joué avec beaucoup de plaisirs en dépit d'un gameplay calamiteux et d'une quantité stratosphérique de bugs.

Bref, déjà pour commencer le titre est assez bizarre : "le fou prend le roi" ? sauf que dans l'histoire il n'y a ni fous ni bouffons, et celui qui prend le roi éponyme n'en n'est certainement pas un. Le titre est classe mais incohérent, "style over substance".

Je constate en tous cas que l'auteur s'est sans doutes pris des remarques similaire à ce que j'avais dit par rapport au premier tome, à savoir le côté "marionnettiste démiurge" du personnage principal qui était beaucoup trop prononcé. Ici il galère un peu plus, essuie d'avantages de revers, même si j’attends toujours de voir un méchant qui sera capable de réellement le mettre en difficulté. L’enquête qui est déroulée ici n'est franchement pas très intéressante, je dirais même qu'on se fait chier durant les phases "interrogatoires". De plus les chapitres du XIXe siècle sont toujours aussi inintéressants, avoir un deuxième roman dans le roman, sachant que l'intrigue de base est déjà pas simple rajoute de la confusion sur la confusion. Surtout que cette phase au XIXe siècle n'est qu'un préliminaire interminable à une intrigue qui ne sera sans doutes réellement déroulé qu'à la toute fin de la série, une véritable calamité ! Ah et faudrait il que je rappelle l'utilisation au combien grotesque des magnétophones médiévaux euh pardon je veux dire des pierres d'okrams ?

Vous allez me trouver dur, et je le suis. Pour être tout à fait honnête avec vous je suis dur parce que je pense que ce livre malgré tout ses défauts reste globalement une bonne lecture (après tout je l'ai finis) mais qu'il aurait pu être pas seulement bien, mais véritablement incroyable s'il y avait eu peut être un peu plus de soins.

Un dernier détail, dans le module Neverwinter Night le grand méchant final était Merlin l'enchanteur, déguisé sous le nom d'Abbé "Nilrem" ce qui est théoriquement complètement con mais personnellement je n'ai pas vu ce twist venir, donc je le trouve génial malgré tout. Sauf que ce détail à été changé dans le roman, maintenant ce n'est plus "Merlin" mais "Merlin version wish" parce que l'auteur s'est rendu compte qu'utiliser Merlin tel quel contredisait le lore établi. Néanmoins je trouve que ce changement est vraiment dommage, parce que Merlin permettait de donner au batard de Kosigan ce qui lui manque le plus c'est à dire un Antagoniste dangereux et tout aussi classe que le batard.

Denier détail purement historique. Dans ce récit l'auteur à décidé de faire occire Jean de Valois, fils de Phillipe VI qui lui aussi va passer l'arme à gauche suite à une conjuration de son autre fils Charles de Valois le futur Charles V. Ce qui implique donc que le roi "Jean 2 le bon" n'a en fait jamais existé. C'est un choix que je trouve curieux parce que l'effet papillon implique que le Roi de France ne s'est jamais fait défoncé lors de la bataille de poitiers, la guerre de cent ans n'aura donc pas DU TOUT la même gueule que dans notre réalité à nous, une uchronie presque comparable à Kaiserreich. L'auteur étant agrégé d'histoire, je suppose qu'il sait ce qu'il fait même si je trouve ce choix très curieux, on verra bine ce que çà donne. Les illuminati/extraterrestres/lalilulelo ont du avoir pas mal de tafs pour réécrire l'histoire.
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Re: Votre livre de chevet

Message par kynan² »

Bref, déjà pour commencer le titre est assez bizarre : "le fou prend le roi" ? sauf que dans l'histoire il n'y a ni fous ni bouffons, et celui qui prend le roi éponyme n'en n'est certainement pas un. Le titre est classe mais incohérent, "style over substance".
Tu joues aux échecs ? Si le roi est pris, c'est échec et mat. Le fou c'est celui qui prend les grandes diagonales, donc un outsider.
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Re: Votre livre de chevet

Message par Belphégor »

kynan² a écrit : 27 avr. 2025, 08:14
Bref, déjà pour commencer le titre est assez bizarre : "le fou prend le roi" ? sauf que dans l'histoire il n'y a ni fous ni bouffons, et celui qui prend le roi éponyme n'en n'est certainement pas un. Le titre est classe mais incohérent, "style over substance".
Tu joues aux échecs ? Si le roi est pris, c'est échec et mat. Le fou c'est celui qui prend les grandes diagonales, donc un outsider.
J'avais tout à fait compris que c'était une référence aux échecs, d'où mon étonnement quand j'ai constaté qu'il n'y avait ni fou, ni bouffon dans cette histoire. Je suppose qu'avec ton interprétation qui fait intervenir les diagonales çà pourrait marcher même si du coup je trouve que çà devient tiré par les cheveux.
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Re: Votre livre de chevet

Message par kynan² »

Historiquement, le fou était un éléphant :)
D'un point de vue "échecs", là où tout le monde cherche à avancer vers l'avant, c'est, avec le cavalier (qui n'a jamais changé de nom), le seul incapable d'avancer "droit". L'éléphant se déplaçait de deux cases et pouvait sauter un adversaire lui aussi.

Symbolique habituelle des pièces d'échec :
Roi : pièce capitale
Reine : bras armé, conseiller puissant
Tour : protection, défense
Fou : ruse, intuition
Cavalier : mobilité, flexibilité
Pion : humilité, vulnérabilité
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