Même si je sais qu’il me faudrait plusieurs vies pour les mener à bien, je ne suis jamais à court d’inspirations pour des projets un peu fous (« projets à la con », dis-je parfois !).
Et deux livres m’ont donné des envies tedeumesques hispano-américaines.
Séville XVIe siècle. De Colomb à Don Quichotte, entre Europe et Amériques, le cœur et les richesses du monde, de
Carlos Martinez Shaw (2000, éditions Autrement)
Effervescente et bigarrée, la Séville de XVIe siècle, baroque, avec sa cosmopolite et opulente classe marchande, ses aristocrates, pilotes et cosmographes, ses esclaves exotiques, ses marginaux mâtinés de souteneurs, ses ribaudes et « trotteuses de rue », sans oublier les omniprésents « picaros » déguisés en mendiants, illustre amplement son appellation contemporaine de « Grande Babylone d'Espagne ». De Colomb à Don Quichotte, autour du Guadalquivir, dans le tumulte de la soif de l'or et des fêtes incessantes où le rire l'emporte sur la prière, celle qui rêve de devenir la "nouvelle Rome" explose dans tous les domaines : la mobilité sociale, la production de richesses, l'aide aux pauvres, la curiosité scientifique, la ferveur religieuse, la création artistique... Formidablement dynamisé par le « monopole » du commerce des Indes et la spéculation, une agriculture florissante et une forte immigration, le port sévillan devient le point de confluence de deux univers, Europe et Amériques, le carrefour de toutes les richesses et de tous les vices. Entre l'or et la boue, bat le cœur du monde.
Cet ouvrage est une excellente base pour un « guide ludique de ville ».
La vie quotidienne dans l’Amérique espagnole de Philippe II – XVIe siècle, de
Georges Baudot (1981, Hachette).
L’Empire espagnol d’Amérique, sur plus de quatre siècles de durée et sur un territoire immense de plus de trois millions de kilomètres carrés, a été une des pages les plus denses de l’histoire des hommes. Il a donné naissance à la première entreprise humaine construite et pensée à l’échelle planétaire. Il a enfanté aussi, lors de sa disparition, dix-huit nations d’Amérique latine dont certaines comme le Mexique, le Venezuela, le Pérou ou l’Argentine sont aujourd’hui des pôles d’avenir pour la civilisation si proche du XXIe siècle. Au temps de Philippe II, (1556-1598), lorsque le soleil ne se couchait pas sur les terres de cet Empire, ce monde prodigieux n’était encore qu’un. Le roi d’Espagne distribuait seul, alors, les terres, les mines et les villes sur l’immensité du Nouveau Monde. Mais l’Empire d’Amérique était aussi un fantastique projet missionnaire qui rêvait de renouveler l’humanité et de préfacer la fin des temps.
J'ai également repéré, mais je ne l'ai pas encore dans ma bibliothèque personnelle, l'ouvrage suivant :
Les marchands de Séville. Une société inquiète (XVe-XVIe siècles), de
Béatrice Perez (2016, Sorbonne Université)
https://sup.sorbonne-universite.fr/cata ... de-seville
Si le monde marchand se dit au singulier, la réalité dissimule une grande variété d’individus différents dans leurs ambitions et dans la façon de construire un patrimoine pérenne. Pourtant, une seule et même tension travaille la société marchande, conduisant l’élite vers les horizons maritimes lointains ; vers l’intérieur des terres où l’investissement se fait agressif dans les riches terres oléicoles. Comment comprendre cette tension sociale ? Quelle promotion garantit – ou ne garantit guère – le commerce ?
La carrière du marchand sévillan est un chemin étroit que l’on suit longtemps et qui, dans certains cas, assoit solidement des prétentions sociales. Ce fut le cas des marchands compromis dans le commerce américain. Mais pour caractéristique que fut la force des gains outre-mer, ce négoce n’explique pas comment, ni pourquoi, certains intègrent ce monde nouveau dans leurs horizons commerciaux quand d’autres n’y parviennent pas. L’auteur tente de montrer le rôle joué par les réseaux dans la promotion des hommes, la symbolique sociale assurée par la possession foncière et la capacité du marchand dynamique à intervenir dans tous les rouages commerciaux : de la régulation à la fonction d’intermédiaire, de la compagnie au prêt, du fret à l’assurance maritime. L’étude traite de l’entreprise familiale et de l’aventure multirisque à partir d’une analyse statistique de la société sévillane aux premiers temps de la modernité. Les modalités commerciales sont observées à travers l’étude des contrats notariés, des chartes de compagnies, des représentants lointains ou des courtiers spécialisés. Les alliances entre les marchands, les réseaux, les patrimoines et les possessions constituent le cœur du livre.
Toutefois, la réflexion engage à poser, en parallèle, la question de la place de l’individu dans la nouvelle économie-monde et celle, plus délicate, de la part investie en Dieu et travaillant, pour l’éternité, à la paix de l’âme. C’est ainsi le sens de cette société inquiète, en mouvement économique et en gestation conceptuelle permanente.
Avec des inspirations d’aventures à piocher dans la série de BD
La sueur du soleil, dont je dirai quelques mots par ailleurs.