kynan² a écrit : ↑15 juil. 2024, 08:53
Rom1 a écrit : ↑13 juil. 2024, 15:05
Oh le headshot.
J'invite Monsieur le docteur à nous expliquer le lien entre la chasse aux sorcières et le RN, ou même la droite en général. Ca, c'est un headshot aussi anti-productif que celui contre Trump.
Allez, j'essaye une dernière fois avec quelqu'un qui ne justifie jamais rien de ce qu'il dit mais qui demande à tout le monde de se justifier (j'attends toujours de savoir d'où venait l'affirmation concernant le fait que la chasse aux sorcières telle qu'elle était présentée était le signe d'une méconnaissance de l'histoire)
- Si j'ai bien compris la formule d'Eunostos, il évoquait en quelques mots la manière dont un discours irrationnel pouvait conduire à faire des milliers de victimes, malgré son caractère à première vue absurde et délirant. Il y a un beau passage chez Cassirer, dans le
Mythe de l'Etat, sur la manière dont le développement de discours mythiques sur la race et l'Etat n'a pas été la "cause" du nazisme mais a facilité son
avènement en affaiblissant les possibilités de réfutation.
- La chasse aux sorcières est dans ce cadre un bel exemple de montée de l'irrationalité (l'un des marqueur étant l'émergence de la croyance au vol sorcier) dans l'appareil répressif, commençant par l'hypothèse d'un complot satanique (Alain Bourreau,
Satan hérétique, bon inspi pour du jdr !) pour ensuite dériver, avec le
Malleus Maleficarum en une campagne de plus en plus féminicide (les hérétiques médiévaux sont majoritairement des hommes, les condamnations pour sorcellerie des 16e et 17e siècles visent surtout les femmes). Cette violence a été particulièrement renforcée par son intégration dans l'appareil d'état alors en formation (Jean Bodin est à la fois un des pères de la notion moderne d'état et l'auteur de traités contre les sorcières) : ce n'est pas l'inquisition qui a fait brûler la plupart des sorcières, mais les agents des États (qui si je me souviens bien portaient le nom de juge-mage, rien à voir avec la magie, mais une fois de plus, on peut détourner la formule pour faire un truc de jdr cool).
- Dans ce cadre, les catégories produites par l'extrême droite et reprise ensuite de manière beaucoup plus large (dictature woke, menace transgenre, islamo-gauchisme, grand remplacement etc) qui peuvent être le détournement caricatural de notions préexistentes ou de purs fantasmes, contribuent à ce processus "d'irrationalisation" de l'action politique qui favorise répression et autoritarisme. Comme l'étaient en leur temps sous Staline les catégories de crypto-trotskyste, de koulaks et bien d'autres.
- Ce rapprochement a au passage était fait par un des principaux spécialistes de la question : Robert Moore qui en introduction de son ouvrage de synthèse
The War on heresy justifie son titre par une proximité avec les "war on" (drugs ou terrorism) de l'administration républicaine qui servent avant tout à produire des divisions nouvelles au sein de l'opinion ("comment ça tu refuses qu'on napalm la forêt colombienne ? Tu es pour la drooooogue alors ??")