Une bonne série pour la soirée

[Belphégor]

un type qui matte des séries scandinaves et coréennes (il faut croire qu'il n'y a plus assez de série en occident pour lui)

La dernière fois que j'ai vérifié, la Scandinavie se trouvait toujours en Occident.

Oui bon maladresse sémantique de ma part, tu vois ce que je veux dire, toujours est il que c'est un scoop pour moi d'apprendre qu'il y a des séries scandinaves, qui de surcroit on trouvées leur public en France.

[Shizen]

Love, Death + Robots.

J'arrive après la bataille parce qu'il se trouve que j'avais regardé cette série dès sa sortie ... et que j'avais absolument détesté. J'étais tombé sur plusieurs épisode qui à la suite était au mieux médiocre, au pire il faut le dire ... à chier. Ce qui m'énervait le plus dans cette série était la vision tout à fait américaine qu'une œuvre "mature" devait forcément servir de prétexte à un étalage racoleur de sexe, de violence et de langage fleurie genre "FUCK", "SHIT", "DICK", "PUSSY" ou "BUKAKE" ; Non pas que je soit un prude, loin de là mais je trouve que cette manière de voir les choses est franchement puérile.

Et donc j'ai tout laissé tomber sans demander mon reste.

5 ans plus tard à l'occasion d'un énième repas de famille, mon cousin qui est beaucoup plus sérivore que moi, parce qu'on parle d'un type qui matte des séries scandinaves et coréennes (il faut croire qu'il n'y a plus assez de série en occident pour lui), celui-là même insiste pour que je donne une seconde chance à la série. Je lui lance donc un ultimatum : il a 3 épisodes pour me convaincre, si j'en trouve un seul bof ou moyen, la seconde chance disparait. Et donc il m'envoie sa liste, si tout n'est pas parfait il y en a suffisamment pour me redonner foi en cette série et continuer.

Je suis bien content d'avoir donné une seconde chance à Love, Death + Robots parce qu'actuellement je n'ai pas beaucoup de mal à dire sur les épisode que j'ai regardé, je note une nette montée en qualité entre la Saison 1 et 2.

Ça va faire un moment que j'ai vu la première saison mais je n'ai absolument aucun souvenir que ce soit si "chargé" côté fleurs ^^
Pour ma part j'ai vu de très belles choses côté animation dans cette série (et des épisodes très quelconque, il faut le dire). Entre autre une très belle adaptation lovecraftienne d'un épisode digne d'un bon scénar de Delta Green !

D'un autre côté concernant les insultes dans les séries américaines, ils sont tellement contraints de ce côté avec leur "F-word, C-word" et j'en passé, que tout medium qui les utilise vraiment passe pour vaguement subversif...

Si je puis me permettre d'ajouter deux épisodes (peut-être déjà dans ta liste d'ailleurs) à celle ci :
- zima blue (S1)
- dans l'obscurité des profondeurs (S3)

[Rom1]

La dernière fois que j'ai vérifié, la Scandinavie se trouvait toujours en Occident.

Oui bon maladresse sémantique de ma part, tu vois ce que je veux dire, toujours est il que c'est un scoop pour moi d'apprendre qu'il y a des séries scandinaves, qui de surcroit on trouvées leur public en France.

Je peux te confirmer qu'il y a de très bons polars et séries fantastiques nordiques, en effet.
Perso, j'adore.

[Belphégor]

Ma tier list des épisodes de Love, Death + Robots puisque personne ne me l'a demandé

Absolument Incroyable : Jibaro, Pop Squad, Ice
Très bon : Lucky 13
Bon : Beyond the Aquila Rift, The Dump, Fish Night, Automated Customer Service, Snow in the Desert, All Through the House
Sympathique : Shape-Shifters, The Tall Grass, Life Hutch, The Very Pulse of the Machine, In Vaulted Halls Entombed
Décevant : Zima Blu
Syndrome de l'épisode pilote : Good Hunting, Blind Spot
Style sans substance : Sonnie's Edge, The Witness, Sucker of Souls
Oubliable et oublié : Three Robots, Ice Age, Kill Team Kill, The Secret War
Nul : Alternate Histories, When The Yogurt Took Over
Et sinon c'est quand que le narrateur ferme sa gueule ? : The Drowned Giant
J'ai pas pu finir l'épisode, et je compte bien ne jamais le finir : Swarm

[Usher]

Disney+ a diffusé en 2024 une nouvelle adaptation du roman Shogun de James Clavell, par Rachel Kondo et Justin Marks, et c'est une vraie merveille !

Shogun a pour sujet l'arrivée au Japon d'un navigateur anglais, Jack Hawthorne (plus mort que vif), en 1600. Le Japon est alors à la fin de l'ère Sengoku, celle des seigneurs de guerre. Un conseil de cinq régents gouverne le pays pour l'empereur enfant, dans un climat de rivalité qui risque de basculer dans la guerre civile. Hawthorne, capturé par des vassaux de l'un des régents, Yoshii Toranaga, est un peu un chien déboulant dans un jeu de quilles, sur le fil du sabre, bientôt instrumenté au milieu de manœuvres qui le dépassent largement.

Shogun est une merveille. Reconstitution soignée du Japon de l'ère Sengoku, elle nous en montre toute la beauté et tout le raffinement : jardins zen, théâtre Nô, cérémonie du thé, calligraphie… Elle nous en montre aussi toute la violence, le poids des traditions et de la hiérarchie. Comme dans la série de 1980, les showrunners ont choisi de faire parler les personnages nippons en japonais (sous-titré) et de faire parler les Européens dans la langue de diffusion de la série. Le choc des cultures passe donc également par la langue. Car la série a également pour sujet la rencontre des cultures : la concurrence commerciale que se font les Européens pour investir le marché nippon, l'influence réelle que les Jésuites ont gagné dans l'Archipel, la diffusion du christianisme au sein du peuple et des élites, mais aussi la séduction que la culture japonaise finit par exercer, non sans déchirements, sur le voyageur occidental. Rencontre des cultures qui finit par s'incarner dans ces samouraïs ou dames qui parlent le portugais et dans ces navigateurs ou prêtres occidentaux qui parlent le japonais…

Les décors, qui alternent entre la nature sauvage et le cadre extrêmement sophistiqué et épuré des châteaux et maisons nobles, sont de toute beauté, sublimés par une photo travaillée qui n'hésite pas à recourir au clair-obscur dans les scènes nocturnes. Les premiers rôles japonais (Hiroyuki Sanada, Anna Sawai, Tadanobu Asawo, Takehiro Hira) sont charismatiques, au point de faire vraiment passer l'occidental qu'est Jack Hawthorne (Cosmo Jarvis) pour un barbare. Mais la plus grande qualité de la série est probablement de faire le pari du temps long et de l'intelligence. Elle n'hésite pas à placer de longues séquences de dialogue et de confrontation entre les cultures, à montrer la complexité des intrigues politiques, des rapports sociaux et des rapports humains. Les épisodes violents n'en apparaissent que plus brutaux, parce qu'insérés dans un environnement si raffiné. Et comme le navigateur anglais ou, peut-être, le prêtre jésuite, on finit par céder à la fascination tragique de cette culture nippone.

Pour terminer sur une andecdote plaisante, j'avais été amusé de lire sur Allociné la critique d'un spectateur qui trouvait que vraiment, cette série était trop "eurocentrée" (soit ethnocentrique) en osant prendre pour protagoniste un navigateur occidental dans le Japon de la fin du XVIe siècle. Critique complètement absurde. Le personnage de Jack Hawthorne est assez fidèlement inspiré du navigateur William Adams, effectivement échoué au Japon en 1600 et devenu hatamoto (vassal de haut rang) de Tokugawa, le futur shogun. William Adams dont le souvenir est perpétué à Tokyo par Anjin Cho, la "rue du pilote"… J'ajouterai que, pour le peu que je connais de l'histoire du Japon, la série lui est effectivement fidèle, jusque dans des allusions à des détails étonnants. (Par exemple, l'exportation d'argent japonais vers l'Europe, six fois plus importante que l'exportation américaine à la même époque.)