Ecrire ou jouer

[Caracalla]

Je suis de loin en loin PTGPTB, et j'y lis toujours des articles intéressants.
Il y a celui-ci sur lequel je suis curieux d'avoir l'avis de nos illustres co-forumistes aussi écrivains.
C'est un article (assez court) de Ty Johnston, auteur dont je ne connais pas grand chose par ailleurs. J'en tire juste une phrase qui le résume :

Bien que les JdR me manquent presque chaque jour qui passe, j'ai découvert que l'énergie créatrice que j'utilisais pour jouer me sert maintenant à écrire. Et puisque l'écriture est à présent mon gagne-pain, je dois garder toute ma créativité pour mes histoires.

En gros, écrire ou jouer, il faut choisir, même si le choix, il le dit bien, est aussi lié au manque d'opportunités de jeu.
Avez-vous un avis sur la question ? Conciliez-vous / pourriez-vous concilier les deux ?

[Rom1]

Bah, ça me parait étrange d'imaginer la "créativité" comme une sorte de réservoir limité.
D'expérience, je ressens le contraire : plus j'ai d'activités créatives et plus ma créativité augmente. C'est plutôt une sorte de cercle vertueux - ça se nourrit de tout.
Au final, ce serait comme dire que si on a deux enfants on doit partager son amour entre les deux - je pense que tous les parents ici savent bien que ça ne marche pas comme ça.

[Xaramis]

J'écris (du JdR, autour du JdR, et hors JdR) largement plus que je ne joue (au JdR)... principalement parce que j'ai du mal à trouver du temps pour jouer, vu les (trop ) nombreuses activités que je pratique par ailleurs.

[KtH]

Ça pose la question de ce qu'est "faire du JdR". Pour moi le processus est beaucoup plus vaste que les 4 heures par mois que je passe derrière un écran à manger des Pépitos en jetant des dés.

Lire un ouvrage, écrire seul pour sa table ou pour à plusieurs pour un éditeur, préparer une campagne en cours, penser à son perso pour une future table, tout ça c'est déjà "faire du JdR" selon moi, et cela permet de ne pas ressentir de frustration à ne pas jouer assez souvent.

[FaenyX]

Hormis la ressource "temps" (comme le fait remarquer Xaramis), je vois mal pourquoi l'une de ces activités excluerait l'autre. Au contraire, même, elles auraient plutôt tendance à communiquer entre elles, non ?

[kynan²]

J'adore l'approche de KtH, je fais donc plein de JdR

[Khelren]

Je suis de loin en loin PTGPTB, et j'y lis toujours des articles intéressants.
Il y a celui-ci sur lequel je suis curieux d'avoir l'avis de nos illustres co-forumistes aussi écrivains.
C'est un article (assez court) de Ty Johnston, auteur dont je ne connais pas grand chose par ailleurs. J'en tire juste une phrase qui le résume :

Bien que les JdR me manquent presque chaque jour qui passe, j'ai découvert que l'énergie créatrice que j'utilisais pour jouer me sert maintenant à écrire. Et puisque l'écriture est à présent mon gagne-pain, je dois garder toute ma créativité pour mes histoires.

En gros, écrire ou jouer, il faut choisir, même si le choix, il le dit bien, est aussi lié au manque d'opportunités de jeu.
Avez-vous un avis sur la question ? Conciliez-vous / pourriez-vous concilier les deux ?

Alors autant à l'époque, quand j'ai arrêté les play by forum de la Cour d'Obéron j'ai pu basculer sur la création de jdr en amateur et devenir productif, autant je continue de jouer énormément en ligne et je considère ça comme de la veille ou des sources d'inspiration, bref ça me semble indispensable.
Il me semble d'ailleurs qu'un des grands principes quand on est écrivain c'est de beaucoup lire.
Donc c'est très étrange et sans doute contreproductif de ne pas faire de jdr alors qu'on écrit du jdr. On va s'isoler complètement et ne pas se tenir au courant des tendances et des innovations. On va évoluer beaucoup plus lentement qu'en baignant dans la profusion de la créativité du milieu.

[Rom1]

Le syndrome du gars qui va mettre en financement son super jeu trop original qu'il a joué dans sa cave avec ses potes pendant 30 ans.

[Usher]

Pour ma part, je me retrouve en partie dans l'opinion de Ty Johnston. En partie seulement, parce que je n'estime pas que "je dois garder toute ma créativité pour mes histoires". Mais en pratique, c'est bel et bien ce qui m'arrive, par contingence plus que par principe.

La composition littéraire, surtout quand on la pratique à un rythme soutenu, demande beaucoup d'énergie et… est très chronophage. Pour ma part, elle implique une discipline d'écriture quotidienne. Quand j'ai fini ma séance du jour, souvent en soirée, je n'ai plus l'énergie ni (la plupart du temps) le loisir de basculer en mode jdr.
Il m'est bien arrivé de commencer mes journées de travail par des notes de jeu de rôle. Dans un sens, c'est même stimulant sur le plan créatif – mais seulement sur certains aspects créatifs, en gros la diégèse (ou la composition de l'action et de son cadre), mais pas sur le plan formel. Reste que même si c'est agréable, le temps et l'énergie consacrés au jeu mordent sur celui consacré à la création littéraire, et à terme, les petits retards s'accumulent et finissent par prendre à la gorge quand approchent les deadlines.

Chez certains créatifs, la concentration nécessaire à la composition de l'œuvre affaiblit aussi la séduction exercée par le jeu. Peut-être parce que l'investissement créatif se substitue à la gratification ludique ; peut-être aussi parce que l'expérience de la nécessité et de l'effort induite par le caractère exigeant de la composition affadit le caractère plus frivole du jeu. En tout cas, c'est un phénomène que je vois également à l'œuvre chez un vieux copain rôliste, qui est infographiste et réalisateur. Quand il travaille sur des contrats purement commerciaux pour des chaînes TV, il joue avec plaisir ; mais quand il se plonge dans la réalisation d'un projet personnel, court-métrage ou documentaire, le jeu n'a plus grand intérêt à ses yeux.

[Teomme]

Y'a déjà une énorme différence entre PJ et MJ.
Je suis 99 % MJ. Dernièrement un joueur a décidé de mener une campagne. Ca m'a fait bizarre d'avoir une soirée jdr de prévue et de n'avoir rien à penser avant !

Pour ma part, j'écris uniquement pour le JDR (des scénarii que je fais jouer). Il m'arrive aussi d'écrire des "lettres d'amour" à mes Joueurses (des textes d'ambiance personnalisé pour leur PJ pour mettre en avant des éléments etc.)

Pour nourrir cette créativité, en général ça donne: j'achète un jdr, je me renseigne sur la période, je cherche des livres, des séries, des BDs, des Films, des expos, des visuels...Pour finalement faire enfin jouer un scénario.
Et parfois mes joueurses me sortent: "bof, pas fan de cet univers..." mais finalement c'est pas perdu, je me suis enrichi avec tout ça.
En fait le JDR c'est un moteur de curiosité car mon objectif est toujours de pouvoir faire jouer dans un univers ou une période pour lesquels je me suis passionné.
Dernièrement (enfin plus d'un an en fait...) j'ai lancé une campagne Vampire qui se déroule à Boston. Ben... Je crois avoir regardé tous les films qui se déroulaient à Boston

A un moment, vu que j'ai toujours plusieurs scénar' en cours d'écriture, je me suis dit que je devrais écrire un bouquin.
Mais l'astreinte d'écriture est vraiment difficile (enfin pour moi) et si je n'ai pas l'objectif "de faire jouer" ben je me démotive très vite.

Bref, pour moi masteuriser un jdr, c'est comme écrire un bouquin ou réaliser un film sauf que le public sera très restreint (quelques joueurses) et que c'est un matériaux mouvant, interactif et social.

Avant de mener, j'ai toujours le trac, comme si j'allais monter sur scène.

De toute façon, j'aime follement le jdr, c'est un vrai vecteur d'histoires et d'émotions.

C'est le 10ème Art et pis c'est tout !

[Outsider]

Pour répondre à la remarque initiale, l'auteur doit choisir entre son livre ou scénariser pour du JdR. Il préfère garder ses bonnes idées pour son livre plutôt que les divulgâcher dans un scénario. Il me parait difficile de dissocier les deux surtout s'ils couvrent la même période ou le même genre.