Des "à faire" de famille, pour Exil, par Pitche
Je ne connais pas Exil et j’ai l’impression que ce scénario prend toute sa saveur quand on connaît le jeu ; le scénario ne fournit pas suffisamment de clefs de compréhension pour palier à cette absence de connaissance du jeu. Je ne sais pas si cela aurait été possible, je constate simplement qu’à la lecture, je suis passé à côté de certains points. Je constate aussi qu’il y a des explications, notamment de termes, qui sont fournis, mais étrangement pas la première fois où cela aurait été utile, mais plus tard (par exemple : le terme « pandore » n’est pas expliqué la première fois qu’il est utilisé).
Autant, si mes souvenirs sont bons, j’avais bien accroché à un scénario précédent de Pitche sur Exil, qui abordait des thématiques sociales intéressantes, autant celui-ci me parle moins.
Comme souvent, mon principal reproche est qu’il serait plus intéressant si les PJ étaient directement concernés par l’histoire, plutôt que d’être les sbires d’un PNJ important. En l’état, je ne vois pas les PJ servir de loyaux hommes de main et surtout sur des missions assez complexes de diplomatie pour le compte de quelqu’un avec qui ils n’ont aucun lien ou bien de commettre des actions à la moralité douteuse juste pour une paie. En gros, Caroll-Ann de Belton devrait être un PJ et non pas un PNJ : les enjeux du scénario seraient tout de suite rehaussés.
Accident de braguette, pour RuneQuest, par Kérosène
Argh 43000 signes ! Que c'est long ! Paradoxalement, le synopsis résume très bien l’histoire qui n’est au final pas si complexe que ça et qui aurait donc pu tenir dans un scénario moins prolixe. Mais je sais que la concision est un cheval de bataille personnel que tout le monde ne partage pas. Et au moins le scénario a le mérite d’être bien écrit et de présenter la société orlanthie ; on sent une connaissance indéniable du sujet et un amour pour Glorantha. Ceci dit, tellement de signes sont consacrés à la description des personnages… Il y a d’ailleurs tellement de personnages, dont les noms ne me disent rien, que la lecture, au moins la première, devient rapidement une corvée.
La forme très littéraire du scénario n’est pas à mon sens la meilleure présentation, surtout pour une enquête, et dessert son utilisation en cours de partie. Sans aller jusqu’à proposer une enquête émergente, je pense néanmoins que regarder du côté de (cela tombe bien, j’en propose un scénario pour cette édition du concours) The Between notamment permettrait d’alléger énormément la tâche du MJ pour prendre en main le scénario et le faire jouer. La forme littéraire n’est clairement pas la forme la plus ergonomique, et d’innombrables jeux depuis les années 80-90 ont apporté des innovations afin de proposer un format plus adapté.
Cela aurait également sans doute simplifié la tâche de l’auteurice du scénario, gagnant au passage énormément de signes, qui peuvent alors être consacrés soit à complexifier l’affaire, soit à élargir les enjeux. Car, personnellement, dans le cas présent, mon intérêt ne porte pas sur l’enquête en elle-même que sur les conséquences politiques qui entourent l’enquête. Si énormément de signes détaillent les circonstances du coup monté, l’environnement volatil et les enjeux politiques ne sont que très rapidement abordés. Pourtant, il me semble que l’enquête en elle-même n’est qu’un prétexte, et donc que l’enjeu du scénario devrait reposer non pas sur la découverte de la vérité, qui semble relativement évidente (je doute que des joueureuses avec un peu de bouteille soient le moins du monde surpris par le twist), mais bien sur la gestion politique de la situation.
Er Mané Santel, pour The Sprawl/Cthulhupunk (et pas Cthulhu Hack ), par Tad Moualh
Alors j’aime beaucoup The Sprawl, ça n’est un mystère pour personne, donc ce scénar partait avec un avantage sur les autres. Mais…
Le cadre est intéressant, mais je ne peux m’empêcher de trouver qu’il y a énormément d’informations données, notamment dans la première partie sur le cadre et la guerre, qui n’ont rien à voir avec le scénario. Je suspecte que pas mal d’éléments sont fournis afin de servir de résumé de Cthulhupunk, peut-être ?
Comme les autres votants, j’ai beaucoup de mal à comprendre les enjeux du scénario et, à dire vrai, à voir ce qu’ont à faire les PJ dans cette histoire. Quelle est la mission des PJ ? Et surtout, quel est l’élément central de cette histoire ? Les expérimentations sur les loups ? Les braconniers ? L’empire radieux d’Alexeï ? Les disparus du village ? Il se passe plein de choses, c’est indéniable, et plus qu’un bac à sable, j’ai le sentiment que les PJ sont lâchés dans un grand fourre-tout et que le MJ doit ordonner tout ça.
C’est d’autant plus regrettable que The Sprawl fournit une structure de présentation des scénarios plutôt claire normalement. Si on retrouve par moments les infos indispensables d’une mission, je note par exemple l’absence des indispensables comptes à rebours de mission.
Personnellement, j’aurais vraiment copié la structure de mission de The Sprawl qui permet de présenter clairement les infos. Là, j’ai le sentiment de lire des notes prises par un MJ, qui va se comprendre, mais qui ne sont pas destinées à être lues par quelqu’un d’autre, parce que ça restera hermétique pour lui, sauf à fournir un important travail d’appropriation.
Mon verdict est donc que ce scénario aurait nécessité une passe de restructuration, un travail supplémentaire de rédaction et d’organisation de l’information pour rendre tout ça jouable en l’état par un MJ lambda, sans que ce dernier ait besoin d’effectuer un important travail lui-même.
Cependant, malgré ces critiques, s’agissant d’une première participation, l’effort est plus que louable !
------
Au final, vous le savez depuis le temps, je suis très critique et les scénarios tradi ne me passionnent plus vraiment. Aussi, je n’ai pas eu de véritable coup de coeur lors de cette édition du concours. Mon vote va néanmoins à Kérosène et à son vaudeville gloranthien, parce que, même si je ne suis pas emballé par son scénario, je sais bien qu'il s'agit de préférences personnelles, et ses qualités sont indéniables aux yeux de la population de rôlistes plus tradi.