Les moldus auraient-ils droit à une brève définition de l'applicabilité de l’œuvre ?

Modérateur : Le Guet
https://www.tolkiendil.com/tolkien/etud ... lle_epoque
"Mais je déteste cordialement l'allégorie dans toutes ses manifestations, et je l'ai toujours détestée, depuis que je suis devenu assez âgé et méfiant pour détecter sa présence. Je préfère de loin l'Histoire vraie ou feinte, avec son applicabilité variable suivant la pensée et l'expérience des lecteurs. Je pense que beaucoup confondent applicabilité et allégorie, or l'une réside dans la liberté du lecteur et l'autre dans la domination voulue par l'auteur."
(Trad. V. Ferré)
L'herbe à pipe des Hobbits ne serait pas vraiment une variété de tabac ?
Et de gens bien. J'imagine qu'on peut dire ça de n'importe quel livre et n'importe quel auteur de Tolkien à Marx, en passant par Proudhon, Carl Schmitt ou Bruno Lemaire.A.Fontbonne a écrit : ↑21 janv. 2025, 20:30 La Bible c'est aussi le livre de chevet de tout un tas de connards...
Merci Usher pour l'explication ! C'est assez intéressant comme réflexion sur la maturité du lecteur, toutefois elle m'amène plus de questions que de réponses.Pour entrer dans le détail, Tolkien appelle ici "allégorie" ce que l'on regroupe dans la catégorie des apologues, comme les fables, les contes philosophiques, les paraboles, voire les romans à thèse… En d'autres termes, les œuvres où la fiction est délibérément conçue par l'auteur pour diffuser un message ou une leçon. C'est en raison de cette instrumentation argumentative, pastorale ou idéologique de l'allégorie que Tolkien y voit une "domination voulue par l'auteur".
L'applicabilité, en revanche, est la caractéristique d'une œuvre ou d'un récit dont la portée va se renouveler en fonction des idées et du vécu du public. C'est typiquement ce qui explique la pérennité des mythes, qui continuent à séduire alors qu'ils prennent un sens différent en fonction des cultures et des époques. C'est en ce sens que Tolkien affirme que l'applicabilité "réside dans la liberté du lecteur". N'oublions pas qu'à l'origine de la Terre du milieu, il y avait une volonté consciente de la part du professeur de construire une mythologie. A partir du moment où il voulait produire des mythes, ses récits devaient relever de l'applicabilité.
Un exemple concret de la façon dont Tolkien a conçu l'applicabilité du Seigneur des anneaux, c'est le procédé délibéré qui consiste à en effacer toute référence chrétienne explicite. Pourtant, le romancier est un catholique fervent, et quand on analyse le calendrier du Seigneur des Anneaux, on se rend compte qu'il est structuré par des fêtes chrétiennes dont le symbolisme est signifiant dans le roman. Mais Tolkien laisse cela à l'interprétation du lecteur et ne cherche en aucun cas à lui imposer une interprétation.
En ce sens, le fait que l'œuvre de Tolkien soit susceptible de récupérations aussi bien par des courants de gauche que par des courants de droite semble démontrer son applicabilité. (Une applicabilité qui dépassait Tolkien lui-même, car il avait du mal à concevoir ce qui dans son œuvre provoquait l'enthousiasme des hippies.)
Tolkien à un peu raison, car en ce sens l'auteur est démiurge au sein de son récit et donc en ce sens il est impossible pour lui "d'avoir tort", mais il est par définition impossible d'échapper à "l'allégorie" car tout récit est naturellement le reflet de la façon dont son auteur perçoit le monde, en ce sens la terre du milieu reste un monde où l’inspiration chrétienne est perceptible.Pour entrer dans le détail, Tolkien appelle ici "allégorie" ce que l'on regroupe dans la catégorie des apologues, comme les fables, les contes philosophiques, les paraboles, voire les romans à thèse… En d'autres termes, les œuvres où la fiction est délibérément conçue par l'auteur pour diffuser un message ou une leçon. C'est en raison de cette instrumentation argumentative, pastorale ou idéologique de l'allégorie que Tolkien y voit une "domination voulue par l'auteur".
Oswald a écrit : ↑23 janv. 2025, 08:52Oui, c'était juste en lien avec le truc d'avant "Tolkien, livre de chevet de l'extrême droite", je voulais dire qu'on pouvait dire la même chose de tout récit mythologique...A.Fontbonne a écrit : ↑21 janv. 2025, 20:30 La Bible c'est aussi le livre de chevet de tout un tas de connards...