Débutons par le début, non ce n'est pas dans mes projets, ça ne m'est même pas venu à l'esprit. Par contre, le ton disons """passionné/clivé""" m'interroge un peu ou alors mérite peut-être d'être dans le topic "Je ne suis pas content car..."
En avant propos, il me semble important de préciser que nous échangeons pour nous comprendre et pas pour nous rallier tout entier à l'opinion de l'autre (c'est rarement le cas dans un débat). N'ayant pas de qualification particulière dans le domaine de l'art si ce n'est ma modeste culture générale, je ne m'attends pas à élever le débat au plus haut.
Pour repréciser un peu le propos, je dirais que la culture c'est l'immatériel commun à un groupe qui peut se retranscrire de manière immatérielle ou matérielle. A ma connaissance, il y a toujours des inégalités dans un groupe et disons que ceux qui le dominent imposent des choses par tradition, charisme ou loi/rationalité pour paraphraser Weber. De facto, il existe une hégémonie culturelle exercée par eux qui implique une violence symbolique envers ceux qui n'ont pas les mêmes codes qu'eux. Est-ce que c'est bien légitime ? Aucune idée. Est-ce que cela en fait "des fascistes" ? Je ne le crois pas. Des ennemis de toute l'Humanité ? Toujours pas.
De fait, en reprenant ta liste des "ennemis de toute l'Humanité", eux-même sont producteurs culturels, une question se pose : L'art du national-socialisme vaut-il des masques africains ?
Si je me mets à ta place où tout se vaut alors les Breker, Rosenberg, Speer ou Riefenstahl, sont sculpteurs, architectes, cinéastes etc. sont autant d'artistes qui valent bien des artistes des arts premiers d'Afrique ou d'ailleurs.
Si tu te mets à la mienne où tout ne se vaut pas alors les autres arts ne valent pas celui-ci.
Si tu as quelque chose à opposer à cela, cela m'intéresse beaucoup, parce que nous sommes dans une position binaire : soit tout se vaut, soit tout ne se vaut pas.
Je pense que tous les enseignants travaillant en littérature comparée, qui s'avère une matière multi disciplinaire, y verraient à redire, à rebondir. A mon sens, si tu refuses de comparer, tu refuses de comprendre. Je prendrais un exemple forumique : Usher a récemment écrit une trilogie sur la Chevalerie et cite, dans les interviews qu'il donne, les sources qu'il a lu et qui l'ont influencées. Comparer le personnage de Méléagant chez Usher et dans la Légende Arthurienne est-il toujours illégitime ? Sans intérêt ? N'apprend-t-on pas par la réutilisation de ce nom par Usher que le personnage qu'il nous présente est, au fond, un personnage dont il faut se défier ? L'intertextualité entre ces deux productions littéraires est-elle toujours sans intérêt ?À ce moment là quelle légitimité à comparer les deux ? Quel intérêt ? On n'apprendrait strictement rien sur l'un ou sur l'autre.
Depuis toujours, la culture geek à essayé de s'acheter une légitimité auprès des gardiens du temple de la "bonne littérature", mais c'est un miroir aux alouettes. La Fantasy, la Science-Fiction, Les Pulps ne seront jamais légitimes, jamais. Car on ne peut jamais être un saint que parmi les lépreux et c'est pour cela que les gardiens du temple nous mépriseront toujours, ils ont besoin de nous plus que nous avons besoin d'eux car nous sommes le marche pied qui soutient leur piédestal.
La culture geek n'a-t-elle pas ses propres gardiens du temple ? Dire que "la Fantasy, la Science Fiction ou les Pulps ne seront jamais légitimes, jamais" c'est justement aller dans le sens tout ne se vaut pas. Et ça, ce n'est pas trop ton propos. Je nuancerai le mien toutefois, je te dirais simplement que s'il y a une littérature légitime et une qui l'est moins, la Fantasy semble bien en France d'acquérir sa légitimité, j'en veux pour preuve qu'elle est désormais étudier à l'Université par Anne Besson et par d'autres.