La Grande Salle, pour causer cinéma

Venez partager ici vos découvertes et réflexions sur les livres, films, disques... qui vous ont enchanté ou déplu

Modérateur : Le Guet

Avatar de l’utilisateur
Rom1
Double solde
Messages : 79
Inscription : 12 août 2022, 11:30

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Rom1 »

Et je parie que certains spectateurs seront curieux de s'essayer au JdR après l'avoir vu.
Godo
Double solde
Messages : 109
Inscription : 25 août 2022, 11:38

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Godo »

Kérosène a écrit : 17 avr. 2023, 17:32 Nous sommes allés voir Donjons et Dragons, en famille et en VO. Le bouche à oreille très positif nous avait déjà un peu rassurés et nous avons vraiment eu une très bonne surprise : un bon divertissement, bien filmé avec des combats agréables à regarder, de l'humour plutôt à propos et des scénaristes/dialoguistes qui ont visiblement compris ce que c'est qu'une partie de JdR. Le film est bourré de références au jeu, on se reconnaît un peu en tant que joueurs dans les personnages et on peut dire "tiens, il a fait un fumble, ici ou un critique là", mais ce n'est pas amené avec de gros sabots. Les acteurs sont convaincants et ont l'air de bien s'amuser.
Pour nous, ce fut une très bonne surprise et un moment agréable en famille.
J'avoue que j'ai pas très été emballé mais c'était correct. Pour moi, c'est de la fantasy qui a fait son temps, je parle en terme de worldbuilding, et les acteurs était plus ou moins convaincus/convaincants. Ceci n'engage que moi !
Avatar de l’utilisateur
Cuchulain
Double solde
Messages : 237
Inscription : 10 août 2022, 10:20
Jeux pratiqués : Ynn Pryddein, Pendragon, Terre des Héros, Aberrant, Château Falkenstein, DD5
Contact :

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Cuchulain »

Vu D&D : excellente surprise ! Du "gardien de la galaxie" dans l'univers des Royaumes Oubliés avec de beaux effets spéciaux, un groupe de PJ dans toute leur splendeur et notons-le, des armes et des armures (excepté celles magiques ou l'armure du Paladin) bien plus crédibles que dans bien des séries fantasy récentes (oui le witcher je parle de toi !).

Les 3 mousquetaires... Boarf : sympa mais le filtre boueux, les combats bordéliques et les libertés prises avec l'histoire en général abaisse l'intérêt. Ca se laisse voir mais sans plus. J'irai voir la suite par curiosité mais ça ne restera pas dans les annales (comme dirait Bruno Lemaire :mrgreen: ). Je reste attaché au film des années 40 ou encore à la version Da-Vinci Punk totalement WTF mais qui pris au 2nd degré est le meilleur film comique de ces dernières années.

Comme c'est un long métrage j'en parle ici mais il n'est disponible que sur Disney + : "Peter et Wendy" ou plutôt pour être honnête :" Wendy commence sa crise de pré-ado au Pays imaginaire avec la participation occasionnelle de Peter Pan". Si jamais vous hésitiez à le voir par quelques moyens que ce soit : épargnez-vous du temps et/ou de l'argent. C'est un navet ! Peter Pan joué par un acteur d'origine indienne et Clochette jouée par une actrice noire : voilà qui a déchainé les passions sur le net ! (personnellement comme c'est un conte de fées et pas une œuvre de fantasy tentant une cohérence historique : ça m'a fait ni chaud ni froid). SI j'ai bien compris le réalisateur voulait une œuvre "réaliste" ( pour Peter Pan quelle bonne idée : un garçon qui vole et qui bat des adultes à l'escrime dans un pays avec des amérindiens, des pirates, des sirènes et des fées entre autres... :roll:). Passons rapidement sur ce qui va : Le capitaine crocher et M. Mouche sont très bien castés et jouent fort bien, un petit twist sur la relation entre PP et Le CC (un peu près la seule bonne idée du film) ; un rôle plus important pour Wendy et des filles dans les garçons perdus. Lily la tigresse n'est pas juste une potiche également (l'actrice est Cree et parle, je suppose, en Cree) et a priori les costumes et habitations des indiens dans le film sont exact historiquement parlant).
Voilà : Wendy prend toute la place et c'est la plus forte car.... Elle bat ses frères dans les combats d'épée en bois** sans doute (le fait qu'elle fasse 2 têtes de plus qu'eux doit aider cependant), elle a plus de présence à l'écran que PP (moi j'ai rien contre les personnages féminins forts bien au contraire mais l'histoire c'est Peter Pan et Wendy pas juste Wendy). Le pays imaginaire est euh... Vide ! Fade ! J'aime les paysages types Irlande/Ecosse mais Neverland c'est du contes de fée b*** j'en peux plus des filtres pâlot façon Zack Snyder ! Donnez-nous de la couleur. Il y a les indiens, les pirates et.... C'est tout ! Clochette est la seule fée visiblement... Bref : revoyez le dessin animé de 63, Hook de Spielberg et laissez cette bouse sombrer dans l'oubli (comme la version live de Mulan qui était tout aussi mauvaise).


*C'est une tendance dans les films actuels à prendre les personnages féminins et les rendre super fortes parce que... Scénario ! L'exemple le plus frappant étant Rey dans la dernière trilogie Star Wars. Pendant longtemps ce fut les hommes qui avaient la même tendance donc on peut dire que c'est un retour de balancier, il faudra un certain temps pour que ça s'équilibre je suppose. Le contre-exemple c'est le 1er Wonder Woman où le personnage dispose d'un entrainement martial intense avant-même d'avoir des supers pouvoirs
Cuchulain l'homme qui a du chien !
Avatar de l’utilisateur
Rom1
Double solde
Messages : 79
Inscription : 12 août 2022, 11:30

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Rom1 »

Attends, Rey elle est super forte parce que c'est la petite-fille de Palpatine hein !
A.Fontbonne
Fifre
Messages : 28
Inscription : 20 août 2022, 23:43

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par A.Fontbonne »

Pour un personnage féminin tout à fait exceptionnelle, je conseille la série (désolé ce n'est pas le bon endroit) Mr Sunshine, si l'histoire est d'une grande complexité, le thème central est simple : l'histoire d'amour entre le comte de Monte Cristo* et Batman**. Pour rattacher cela aux films, l'actrice est la même que dans l'excellent film Mademoiselle.

* un enfant esclave coréen forcé de fuir aux USA et revenant sous la forme d'un tout puissant capitaine de l'armée américaine avide de vengeance contre ceux qui ont tué ses parents
**une aristocrate coréenne aimée dans toute la ville car elle l'a nourri en pleine famine et formée au combat par une armée issue du peuple afin de lutter contre l'invasion rampante du Japon.

Cette série est absolument à voir pour tout MJ qui veut voir comment développer une intrigue impliquant un très grand nombre de personnages issus d'espaces sociaux très différents sans jamais se perdre ou ralentir l'intrigue.
Avatar de l’utilisateur
Caracalla
Double solde
Messages : 67
Inscription : 10 août 2022, 11:07
Jeux pratiqués : JRTM

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Caracalla »

J'ai été voir Hokusaï d'Hajime Hashimoto.
J'ai aimé. Les paysages, les costumes, le grain de l'image sont magnifiques (je dois dire immédiatement que je ne connais pas grand chose au Japon du XVIIIe-XIXe, donc que j'ai pu être abusé sur les costumes).

Trois éléments m'ont semblé particulièrement remarquables :
- les postures des corps, qui détonnent de nos pratiques occidentales, en particulier les postures des artistes en train de dessiner ou de peindre. Ça donne à penser que notre propre maintien est bien plus culturel que naturel.
- les rapports avec le pouvoir. Là pour le coup, le parallèle avec la question de la librairie à la même époque en Europe est absolument sidérant.
- le rapport de l'artiste au chef d'œuvre, à la représentation réussie (ou non) du sujet qui sert de modèle, à l'intériorité de la représentation. C'est tout à la fois ce que disent les artistes européens, peintres, musiciens et poètes … et parfaitement incompréhensible pour un non-artiste (moi en l’occurrence).

Bref, ce film dépayse, et pas seulement pour la société qu'il dépeint.
Seul point un peu négatif, le film tourne autour de la Grande Vague de Kanagawa, oubliant (un peu) que ce n'est qu'une œuvre d'une série (c'est à peine suggéré), oubliant surtout une bonne part du reste de l'œuvre de l'artiste (moi qui espérais me rincer l'œil de ses estampes érotiques, c'est rapé. :mrgreen: )
Dernière modification par Caracalla le 26 mai 2023, 13:34, modifié 3 fois.
Godo
Double solde
Messages : 109
Inscription : 25 août 2022, 11:38

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Godo »

Merci Caracalla pour ton retour. J'avoue que j'hésite toujours à aller le voir, je suis intéressé par le japon mais j'ai peur que le scénario soit un peu maigre.

Pour rappel, c'est très bientôt le mois du cinéma japonais dans toute la France. Un film japonais sera diffusé chaque semaine dans tous les cinémas volontaires. https://www.lejapon.paris/festival/saisons-hanabi/
Avatar de l’utilisateur
Oswald
Double solde
Messages : 153
Inscription : 25 nov. 2022, 18:26
Jeux pratiqués : Hanter la partie Hors-jeu du forum

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Oswald »

J'ai pu voir Hokusai et j'ai un sentiment assez mitigé.

J'ai eu l'impression de voir un film tronqué, au point que certains passages semblaient arriver brusquement et certains évènements de sa vie totalement écartés.
Les rapports avec le pouvoir évoqués par Caracalla auraient mérité bien plus de traitement afin d'avoir un contexte qui permette une meilleure compréhension du spectateur, par exemple.
Godo
Double solde
Messages : 109
Inscription : 25 août 2022, 11:38

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Godo »

Oswald a écrit : 17 juin 2023, 10:58 J'ai pu voir Hokusai et j'ai un sentiment assez mitigé.

J'ai eu l'impression de voir un film tronqué, au point que certains passages semblaient arriver brusquement et certains évènements de sa vie totalement écartés.
Les rapports avec le pouvoir évoqués par Caracalla auraient mérité bien plus de traitement afin d'avoir un contexte qui permette une meilleure compréhension du spectateur, par exemple.
Effectivement, il a été largement tronqué. Il fait 129 minutes au Japon et 90 minutes en France.
Avatar de l’utilisateur
Oswald
Double solde
Messages : 153
Inscription : 25 nov. 2022, 18:26
Jeux pratiqués : Hanter la partie Hors-jeu du forum

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Oswald »

Diable! 40 minutes de moins, ce n'est pas anodin. Je comprends mieux mon incompréhension passée.
Avatar de l’utilisateur
Rom1
Double solde
Messages : 79
Inscription : 12 août 2022, 11:30

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Rom1 »

Image

Je ne sais pas s'il y a un mot plus fort que "sordide" mais il s'appliquerait bien à ce Limbo incroyablement glauque, dur & sombre.

On est très loin de la Hong Kong de carte postale avec ses néons colorés et sa belle skyline - ici, tout est sale, pauvre, dégradé. Autant la ville que ses habitants, d'ailleurs !
Un gros trip quasi hallucinatoire (on pense parfois à du Tsukamoto, d'ailleurs) dans les bas-fonds d'une cité-ogre qui dévore les plus faibles et ne laisse personne intact.

Attention, on est très loin d'un tout public ! Mais c'est à voir.
Avatar de l’utilisateur
Usher
Chambellan
Messages : 260
Inscription : 09 août 2022, 22:51
OEUVRES : Tiers Âge
Te Deum pour un massacre

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Usher »

Image

Vu il y a quelques jours, ce film d'une beauté bouleversante. Très certainement un long-métrage qui restera dans ma cinémathèque idéale.

Et pourtant, j'y suis entré avec réticence. En cette période de guerre en Ukraine, je n'avais guère envie de regarder un film russe en VO. Ce qui m'a un peu facilité les choses, c'est que le réalisateur, Kirill Serebrennikov, est un dissident : haï par les élites militaires et orthodoxes de la Russie poutinienne, il a été accusé de détournement de fonds publics, a passé plusieurs années en résidence surveillée, s'est exilé à Berlin et a pris publiquement position contre la guerre en Ukraine. Même s'il ne semble pas complètement dépourvu d'ambiguïtés puisque l'un de ses mécènes, qui l'a aidé à se dégager de ses problèmes avec la justice russe, est un oligarque proche de Poutine… Cela étant, le sujet même de La Femme de Tchaïkovski va tellement à l'encontre du traditionalisme réactionnaire de Poutine que cela le dédouane à peu près complètement.

La femme de Tchaïkovski raconte l'histoire vraie du mariage du compositeur Piotr Tchaïkovski avec Antonina Milioukova à la fin du XIXe siècle. Antonina est une petite bourgeoise déclassée, tombée sous le charme du compositeur dans un salon de la haute société ; elle est s'est éprise de l'homme sans connaître sa célébrité et s'est littéralement jetée à sa tête. Or Tchaïkovski est gay ; les femmes le dégoûtent ; il repousse d'abord les avances de la jeune femme, puis lui propose un mariage de convenance. Antonina, qui s'aveugle sur les sentiments que Tchaïkovski éprouve pour elle, accepte avec joie. Leur mariage tourne immédiatement au désastre, mais Antonina s'enferme dans le déni, ne veut pas voir l'évidence et sombre dans la déchéance.

Kirill Serebrennikov, qui est lui-même gay et militant (ce qui a contribué à lui valoir des ennuis en Russie), voulait tourner un film sur Tchaïkovski depuis des années mais se heurtait à la censure russe, qui voulait montrer un Tchaïkovski hétérosexuel. Il a contourné le problème de deux façons : d'une part en déportant sa focale sur la femme de Tchaïkovski, d'autre part en montant une coproduction internationale. Toutefois, parmi les grandes qualités du film, il n'expose pas de parti-pris. Il montre simplement un couple enfermé dans une situation sans issue, qui est amené à s'autodétruire alors qu'il a essayé de faire les choses au mieux. Ignorant encore l'homosexualité de Serebrennikov quand j'ai vu le film, j'étais même persuadé qu'il était amoureux de son actrice principale tant il la sublime dans sa réalisation.

Car Alena Mikhailova, que l'on suit de la première à la dernière séquence, est d'un charme bouleversant. Son jeu est tout en retenue, corseté par les convenances de la bonne société, la religion, une forme de naïveté bienséante qui aveugle un moment le personnage sur la véritable orientation sexuelle de son mari. Sanglée dans ses robes, ses dévotions et ses bonnes manières, Antonina tient le langage de la passion sur le ton de la conversation bien élevée ; la suggestion plus que l'expression de l'amour fou en fait un personnage déchirant, en particulier quand elle continue contre l'évidence à se persuader que son mari l'aime. Le film circule entre réalisme, séquences teintées de fantastique et séquences stylisées de façon théâtrale ; cet exercice de style extrêmement risqué est tenu de bout en bout et formalise en quelque sorte la façon dont le déni dans lequel Antonina s'est enfermée lui a fait perdre contact avec la réalité.

Plastiquement, le film est une splendeur. Travail de la lumière, des contrastes, composition des cadrages, mises en abîme, plans en miroir, plans séquences de déambulations dans des couloirs, des escaliers, des ruelles qui symbolisent les errements de l'héroïne. Un objet esthétique de bout en bout, qui commence et se termine dans les ténèbres après avoir fait miroiter le mirage trompeur des illusions d'Antonina.
Avatar de l’utilisateur
Usher
Chambellan
Messages : 260
Inscription : 09 août 2022, 22:51
OEUVRES : Tiers Âge
Te Deum pour un massacre

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Usher »

Décidément, en ce moment, on tombe sur de très beaux films ayant pour sujet des artistes du XIXe siècle.
Il s'agit cette fois d'Emily, de Frances O'Connor, biographie (très) romancée d'Emily Brontë, la romancière météorique des Hauts de Hurlevent, morte à trente ans.

Image

Emily a pour ambition de nous montrer la construction possible d'une romancière, et d'une romancière aussi atypique qu'Emily Brontë, demi-sauvageonne fuyant autant que possible la société et se forgeant un imaginaire singulier sur les landes du Yorkshire.

La plupart des biopics qui prétendent nous montrer l'éclosion d'un génie artistique sont décevants, le cinéma peinant souvent à représenter les processus créatifs ou usant de clichés pour les évoquer. Emily n'en est pas complètement dépourvu, mais j'ai quand même été frappé par la justesse de plusieurs séquences qui suggèrent ou formalisent à l'écran la condensation entre jeu, contemplation, mémoire et création qu'opère le psychisme de la future romancière. Ces séquences se trouvent surtout au début et à la fin du film. On y voit par exemple Emily Brontë jouant toute seule deux personnages du cycle de Gondal ; une séquence qui montre les trois sœurs Brontë fuyant la pluie les héroïse avec une bande-son somptueuse, et suggère la façon dont Emily transpose cet incident ordinaire dans un imaginaire romanesque ; des séquences contemplatives, et même une vraie série de tableaux à la fin du film, formalisent la façon dont la beauté puisée dans le quotidien vient nourrir l'inspiration littéraire. J'ai rarement vu des séquences aussi justes de processus de sublimation créative.
Emily est également un drame familial qui explore la complicité et les aspérités de la fraternité (avec Branwell, le frère prometteur qui rate sa vie) et de la sororité (avec Charlotte, qui aime et désapprouve Emily, et Anne, la complice de jeu). Le film possède aussi une intrigue sentimentale, purement fictive, qui n'est pas désagréable mais reste un volet mineur de l'œuvre. En revanche, le rapport entre création, mort et deuil est également évoqué avec beaucoup de finesse. Une séquence fantastique (d'un fantastique purement canonique où les explications rationnelle et surnaturelle sont aussi recevables l'une que l'autre) donne une teinte légèrement gothique au film qui, une fois de plus, renvoie à l'imaginaire d'Emily Brontë.
Ajoutons que la photo est somptueuse. Certains plans sont d'une telle beauté que la réalisation suggère sans effort le caractère contemplatif de l'héroïne.
Un film maîtrisé de bout en bout, d'autant plus étonnant qu'il s'agit du premier long-métrage de Frances O'Connor.
Avatar de l’utilisateur
Rom1
Double solde
Messages : 79
Inscription : 12 août 2022, 11:30

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Rom1 »

Rah je voulais le voir mais il n'était pas passé au ciné de mon patelin. :(
Je vais me rattraper en vidéo, donc.
Avatar de l’utilisateur
Eunostos
Double solde
Messages : 141
Inscription : 10 août 2022, 10:54
OEUVRES : "Le Musée de la solitude", "Dialogue mystique des amants magiciens"
Contact :

Re: La Grande Salle, pour causer cinéma

Message par Eunostos »

Je l'avais vu à sa sortie l'année dernière, et, s'il m'a fait passer un bon moment dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'il peinait à échapper aux clichés du genre du (mauvais) biopic.
Usher a écrit : 15 nov. 2023, 18:27La plupart des biopics qui prétendent nous montrer l'éclosion d'un génie artistique sont décevants, le cinéma peinant souvent à représenter les processus créatifs ou usant de clichés pour les évoquer. Emily n'en est pas complètement dépourvu, mais j'ai quand même été frappé par la justesse de plusieurs séquences qui suggèrent ou formalisent à l'écran la condensation entre jeu, contemplation, mémoire et création qu'opère le psychisme de la future romancière.
Mouais. Je me souviens des scènes dont tu parles, mais elles restent très éparpillées, et surtout il n'y a aucune trace, dans le film, de l'étroite complicité créative entre les sœurs Brontë. Les sœurs ont l'air de passer leur temps à rivaliser et à se crêper le chignon, Emily est isolée et présentée comme la seule créative des trois... ce qui est complètement faux. Le cycle de Gondal ne fait l'objet que d'une allusion brève sur le registre du "tiens, tu crois encore à ça, sœurette ?" En me renseignant plus avant sur ces créations enfantines et adolescentes des Brontë, j'ai eu l'impression de découvrir une mine de créativité, qui aurait mérité une place beaucoup plus importante dans le film.

L'intrigue sentimentale, inventée, m'a paru inutilement envahissante. Elle a le grave défaut à mes yeux de ramener, pour la énième fois, la genèse d'un chef-d'œuvre littéraire à une pure affaire de cœur brisé. Sans parler des scènes terriblement clichées où il suffit d'ouvrir sa fenêtre sur la campagne pour aussitôt trouver l'inspiration d'un roman, lequel est griffonné la nuit et forcément avec fièvre.

Où sont passées la formation intellectuelle des sœurs ? Qu'est-ce qui est dit de leurs lectures, de leurs inspirations ? Rien. De leur éducation ? Si peu. Quant à la représentation de la religion, elle se résume au dilemme "fesses or not fesses", pas faux, mais simpliste.

Bref, si je résume, une écrivaine, c'est une femme qui écrit parce qu'on lui a brisé le cœur. Côté féminisme et respect de la vraie vie des Brontë, on repassera...
Usher a écrit : 15 nov. 2023, 18:27En revanche, le rapport entre création, mort et deuil est également évoqué avec beaucoup de finesse. Une séquence fantastique (d'un fantastique purement canonique où les explications rationnelle et surnaturelle sont aussi recevables l'une que l'autre) donne une teinte légèrement gothique au film qui, une fois de plus, renvoie à l'imaginaire d'Emily Brontë.l'héroïne.
C'est en effet le meilleur aspect du film, et la scène que tu évoques est une pure réussite. Probablement aussi parce que c'est le moment le plus gothique du film.

J'ai également été très convaincu par la photo, le jeu des actrices et, surtout (surtout) la musique du film, qui est un bijou de lyrisme... et que j'écoute régulièrement depuis un an !

Bref, à mes yeux, c'est un premier film très prometteur, très soigné sur le plan formel, et porté par de beaux talents en matière d'interprétation, de décors, de costumes et de musique, mais dont le scénario patauge encore trop dans les poncifs du biopic. Il faut dire que j'en ai vu un certain nombre : je deviens allergique aux poncifs irréalistes des biopics sur les écrivains et au mythe de l'écriture conçue comme "mes tripes projetées sur une feuille A4", ce qui doit me rendre plus sévère.
Kosmos (jeu de rôle amateur sur la mythologie grecque)
Répondre