Votre livre de chevet

[Godo]

J'ai lu la monographie sur Paul Verlaine de Zweig. Moi qui étais assez indifférent à l'auteur, après la lecture du Joueur d'échecs, je lui trouve ici une force lyrique que je ne lui connaissais pas.

[acritarche]

Merci à tous. C'était mutation qualifiante que je cherchais!

[kynan²]

Enfin reçu mon exemplaire
Diantre, pas de dédicace manuscrite

Ca yest, je suis plongé dedans. Ou, ai-je plongé ? Où ai-je plongé ?

C'est un délice de parcourir ce niveau de langage.

[Godo]

Je lis Bruges-la-Morte de Rodendach. Ça me fait penser à du Huysmans.

[kynan²]

Enfin reçu mon exemplaire
Diantre, pas de dédicace manuscrite

Ca yest, je suis plongé dedans. Ou, ai-je plongé ? Où ai-je plongé ?

C'est un délice de parcourir ce niveau de langage.

Fini le tome ce WE. Arg, un cliffhanger... Et quatre mois d'attente avant de pouvoir seulement accéder à la suite...

[Godo]

La deuxième moitié de Bruges-la-Morte est vraiment prenante. Je ne suis pas un grand fan de la linéarité tragique à la Balzac, mais il y a quelque chose de beaucoup plus jubilatoire dans Rodendach, sans doute car la cruauté s'y accompagne d'un certain amusement pour les déconvenues du héros. J'ai presque senti son plaisir d'écrire ! Une franche bonne lecture !

J'enchaîne avec Pourquoi Tokyo de Agathe Parmentier. En fait, un recueil de chroniques assez cyniques parues sur son blog. Je pense qu'il faut absolument espacer sa lecture pour apprécier à sa juste valeur ses traits d'esprit désabusés.

[Usher]

Récemment, j'ai lu avec plaisir un roman de SF française (il serait plus juste de dire de SF franco-japonaise) : Quitter les monts d'automne, d'Emilie Querbalec.

Dans un futur lointain, l'humanité a essaimé dans l'espace. Les sociétés implantées sur de nouvelles planètes ont souvent régressé sur le plan technologique. C'est le cas sur Tasaï, planète où s'est développée une société traditionnelle directement issue de la civilisation japonaise. Une particularité : l'écriture y est proscrite sous peine de mort.
On suit l'existence de Kaori, petite fille puis jeune fille orpheline élevée par sa grand-mère, qui est conteuse et matriarche d'une troupe de spectacle comprenant danseuses et musiciens. Quoiqu'issue d'une lignée de conteuses, Kaori n'en a pas le don et se forme à la danse. Alors qu'elle est encore adolescente, sa grand-mère meurt ; dans les affaires de celle-ci, Kaori découvre un rouleau calligraphié dissimulé dans un tube aux verrous digitaux d'une technologie très avancée. Pour la jeune fille, c'est le début d'un long voyage, qui deviendra une odyssée spatiale, afin d'élucider ce mystère.

Quitter les monts d'automne n'est pas tout à fait exempt de défauts : quelques personnages secondaires sont escamotés de façon peu compréhensible et il persiste quelques incohérences entre l'interdit qui pèse sur l'écrit et certains environnements hyper-technologiques. Mais c'est aussi un roman plein de qualités : un style clair et tenu, une tension narrative constante qui ne repose pas sur le conflit mais davantage sur le mystère et une forme de fuite en avant. Dans les tropes et les atmosphères du récit, on sent nettement l'influence de la culture japonaise. Plus qu'un voyage planétaire et spatial, c'est avant tout le périple intérieur d'une jeune fille qui aspire à l'émancipation mais peine à se débarrasser des rapports de sujétion. C'est aussi un roman spéculaire sur l'acte de conter et l'acte d'écrire.

[Godo]

Lu Monsieur de Phocas de Jean Lorrain. Classique de la littérature fin de siècle, décadente. Ça raconte l'histoire d'un dandy dans une quête esthétique, la recherche d'une transparence glauque, que ce soit dans un portrait, des pierres précieuses, ou des individus généralement peu recommandables. Le souci, c'est que pour futile qu'elle soit, cette quête est obsédante, source d'un malaise général dans son existence, et un personnage sulfureux se propose de le guérir, au moyen d'une plongée plus profonde dans le Paris decadent, sans qu'il sache véritablement s'il compte le soigner ou faire une nouvelle victime. La plume est très travaillée et plus fluide que celle d'un Huysmans. L'humour, même noir, est absent, de même que les références littéraires précieuses. Une bonne découverte, mais qui ne tire pas sur la ficelle émotionnelle chez moi !

[pitche]

J'ai découvert cela récemment ?! pour les amateurs de ses univers et JDR ; un roman :
https://www.akileos.fr/catalogue/the-electric-state/
The Electric State de Simon Stålenhag (Tales from the Loop et Things from the Flood)

[Godo]

Ça ne lit pas beaucoup ici ou alors ça n'ose faire mention de certaines lectures...

J'ai lu Une belle journée, dont je n'avais jamais entendu parler. On dirait un croisement entre Madame Bovary et Maupassant pour le style. Quel plaisir de lecture ! Le fond, l'amour est voué à l'échec, est démontable rapidement mais faisons comme si c'était de ce couple, une romantique et un queutard, dont on attendait de belles fleurs, et ô surprise, ça ne marche pas. Ainsi, l'auteur avait raison... Pour ma part, étant un fidèle, j'ai poursuivi ce couple adulterin de mes ricanements, et pour ça, j'ai envie de dire, merci monsieur Ceard. Je pense qu'une autre morale serait de coucher assez vite pour ne pas se rendre compte qu'on recommence la même chose ailleurs ah, les naturalistes et leur optimisme !

[FaenyX]

Ça ne lit pas beaucoup ici ou alors ça n'ose faire mention de certaines lectures...

Je suis persuadé que nous avons quantité de lecteurs dans la Cour
Mais tu as raison : je vais désormais vous faire un feed-back de mes lectures récentes (ou pas).

[Ohtar Celebrin]

Personnellement je viens de finir Histoire de moine et de robot - 1 - Psaume pour les recyclés sauvages de Becky Chambers.


C'est du "Solarpunk".
C'est beau, lumineux.
Ça fait du bien.
Ça remonte le moral sans toutefois être bizounoirs.
Ça autorise à imaginer que la grisaille n'est pas le seul horizon possible.

Le thème de l'audroïd est revisité d'une manière originale, réenchantée.

Il y a un second tome déjà paru.
Ce sera d'ailleurs l'objet de mon seul reproche :
Vu la brièveté du texte, il pourrait y avoir 2 ou 3 toms pour faire un volume de taille raisonnable et étancher tout à fait notre faim.



Je recommande chaudement ! !

[Usher]

J'ai lu récemment la partie "légendaire" des Gesta Danorum, La Geste des Danois, traduite par Jean-Pierre Troadec et publiée chez Gallimard dans la collection "L'aube des peuples". J'avais déjà lu plusieurs extraits de l'œuvre mais jamais le texte dans son intégralité. Heureusement que j'ai remédié à cette lacune. Quel livre extraordinaire !

Ne nous voilons pas la face : ce n'est pas forcément très attrayant de prime abord. C'est un long récit énumératif qui accumule quantité de rois (non numérotés) qui ont souvent les mêmes noms. C'est à peu près aussi historique que la légende du Quinautore mérovingien… Pour un public qui a des valeurs humanistes et féministes ainsi qu'un tant soit peu de savoir-vivre, c'est un livre assez rugueux, qui transpire la barbarie, l'amoralité, le virilisme et le patriarcat – les femmes guerrières n'y sont pas rares, mais elles sont généralement décriées. L'accumulation des duperies, trahisons, meurtres, viols et tortures y devient assez nauséeuse. Bref, il faut un minimum de concentration et de distanciation historique pour s'y attaquer.

Mais pour peu qu'on fasse cet effort, la récompense est extraordinaire !
Les Gesta Danorum est une chronique commandée à la fin du XIIe siècle par Absalon, évêque de Lünd, et dans les faits quasi-régent du Danemark au moment où les Danois repoussent les frontières du Saint Empire Germanique. C'est donc une œuvre de propagande, conçue pour montrer l'ancienneté et la puissance de la couronne danoise. La composition de l'ouvrage est confiée à un clerc, Saxo, peut-être membre du chapitre de Lünd, surnommé "Grammaticus" en raison de ses excellentes compétences de latiniste. Et il m'a donné le premier choc du livre : Saxo Grammaticus, ce moine danois de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, est pétri de culture classique. Ses chroniques (vraiment) barbares sont composées dans un grand style rhétorique, où se perçoit l'influence de nombreux historiens et poètes latins. Reprenant l'exercice typique des rhéteurs, la suasoria (ou "discours à la manière de"), Saxo Grammaticus prête à ses héros immoraux, frustes ou sanguinaires de beaux morceaux d'éloquence avec exorde, narration, confirmation et péroraison. Le résultat est tout à fait singulier, et procure un sentiment de confusion temporelle et culturelle.

Mais les Gesta Danorum, au milieu d’un catalogue de perfidies et de tueries, c’est aussi une mine d’or légendaire. C’est la source d’Amleth. C’est la source de la série Vikings. C’est aussi la source manifeste de certaines inspirations tolkieniennes – on y voit passer fugitivement un Gandalf, à plusieurs reprises des Hama, on y croise quelques dragons dont un qui se fait éventrer.
On y trouve aussi des matériaux qui restent à exploiter : une véritable épopée, la bataille de Braavalla ; une authentique aventure dans une ville de morts-vivants pourrissants, le voyage de Gormo et Thorkillus dans le royaume maudit de Geruthus… Une des racines lointaines, improbables et encore inspirantes de l’imaginaire actuel !

[Cuchulain]

J'ai terminé récemment :
- L'ile de Peter d'Alex Nikolavitch. Résumé Babelio : "Wednesday, policière à New-York, enquête sur un vieux marin qui traîne dans l'East Village à la recherche d'herbes médicinales. Projetée dans une île tropicale, elle découvre que ce marin n'est autre que le Capitaine Crochet et que l'île de Peter Pan existe bien, sous la forme d'une boucle spatio-temporelle dont seul le pirate peut sortir. "
Alex Nikolavitch est aussi l'auteur d'une relecture du mythe arthurien sur un angle plus historique aussi j'étais intrigué de voir ce qu'il pourrait faire du mythe de Peter Pan. Je suis assez partagé j'avoue... Autant tout le début est très prenant et on suit avec intérêt la découverte de Neverland par une jeune femme du XXIe siècle (mention spéciale aux enfants perdus de nos jours où j'avoue ça sent un peu l'effet "les jeunes de nos jours c'est plus ce que c'était" #OkBoomer si j'ose dire), les relations du Capitaine Crochet et de M. Mouche sont pas mal et on accroche bien (si j'ose dire ). L'explication et le deus ex machina m'ont un peu déçu en revanche pour la fin. Néanmoins c'est du poche et ça se lit vite et bien et c'est toujours mieux que la bouse que Disney a commis il y a peu (faut que j'aille en parler dans la rubrique ciné tiens).

- Les chroniques du Grimmnoir, tome 1 : Résumé Babelio : "États-Unis, début des années 1930. Les dirigeables sillonnent le ciel, Berlin est peuplée de zombies et la magie, apparue depuis près d’un siècle, a changé la donne. Le grand public hésite entre admiration et haine des « actifs », ces gens qui se téléportent, lisent dans les esprits, modifient la gravité, contrôlent les animaux, guérissent par imposition des mains…Deux organisations de magiques se livrent une guerre souterraine acharnée : l’Imperium et son maître le « président », qui tiennent le Japon, et le Grimnoir, société secrète de résistants aux intentions louables mais aux méthodes discutables."
J'y ait vu l'enfant laissé de côté mais au final très beau de La fantasy urbaine et du genre Hard-Boiled avec un personnage de brute au grand cœur dans la personne de Jack Sullivan pris entre deux feux, tentant de garder son indépendance et tenant à ses principes. J'avais lu vite fait le 4e de couverture et me le suis fait offrir comme une "récréation" entre deux bouquins sur les celtes, l'histoire, la mythologie, etc. Ha ! Le roman m'a agrippé et j'ai eu du mal à le lâcher. C'est un véritable coup de coeur ! Je me suis attaché à Jack Sullivan mais aussi aux autres personnages secondaires et j'ai hâte de les retrouver dans les tomes 2 & 3 ! Foncez le lire c'est une bonne inspi pour du JDR pulp ou super héros (Allo la brigade chimérique ? )

- Jack Whyte : "les chroniques de Camelot - tome 1 "la pierre céleste". Enième relecture du mythe arthurien le pitche est censé vous proposer une relecture historicisante avec le grand-père d'Arthur, légionnaire romain. Bon niveau histoire c'est bourré d'erreurs (écrit dans les 90's on va leur pardonner quoique même maintenant des auteurices sont pas foutus(e)s de faire quelques recherches sur l'armement et l'équipement des légions romaines du bas-empire afin d'éduquer en même temps leurs lecteurs et propose des légionnaires augustéens sur toute la période de la république à la chute de l'empire !! Et ça c'est les erreurs les plus évidentes pour moi, je suppose qu'un-e historien-ne hurlerait à la mort) bref ! Si l'on passe sur les erreurs sur l'empire romain et les britons c'est pas mal. Enfin disons que j'ai lu pire... J'ai parcouru le 2e tome et c'est encore bourré d'erreurs sans que l'intrigue avance beaucoup donc je vais laisser tomber le cycle et me concentrer sur d'autres lectures.

- LES NAVIGATEURS CELTES DU HAUT MOYEN ÂGE par Fréderic Kurzawa. Ma lecture "sérieuse" terminée il y a peu. Outre être docteur en théologie (catholique) l'auteur nous a offert un ouvrage sur St Patrick (plutôt bon) et un livre sur les pictes (excellent !! <3) aussi j'ai abordé l'ouvrage avec intérêt et confiance. J'ai été un peu déçu mais car j'avais de trop hautes attentes. Je m'explique : l'ouvrage rassemble plusieurs récits de navigation irlandais (dont notamment le voyage de St Brendan) en un seul ouvrage ce qui permet d'avoir le texte brut, traduit dans un français relativement courant tout de même, et de pouvoir s'y référer de manière pratique pour des analyses ultérieures. On nous gratifie d'un petit commentaire sur l'histoire du texte et ses similitudes avec d'autres et une petite analyse. Et ? Et c'est tout ! J'espérais une analyse mythologique, des recoupements avec des textes (pas forcément de navigation justement) celtique ou pas, des comparaisons... Et je reste sur ma faim. C'est intéressant mais comme disait la philosophe Bretagne Lances "Donne m'en plus".

Voilà je suis en train de terminer un bouquin sur l'espionnage dans l'antiquité et le moyen-âge (passionnant vraiment un must-read ! <3 !) et je suis en plein dans Adrienne Mayor : "Les Amazones, quand les femmes étaient les égales des hommes (viiie siècle av. J.-C. – ier siècle apr. J.-C.)" (bigrement intéressant aussi !)

[Godo]

- Les chroniques du Grimmnoir, tome 1 : Résumé Babelio : "États-Unis, début des années 1930. Les dirigeables sillonnent le ciel, Berlin est peuplée de zombies et la magie, apparue depuis près d’un siècle, a changé la donne. Le grand public hésite entre admiration et haine des « actifs », ces gens qui se téléportent, lisent dans les esprits, modifient la gravité, contrôlent les animaux, guérissent par imposition des mains…Deux organisations de magiques se livrent une guerre souterraine acharnée : l’Imperium et son maître le « président », qui tiennent le Japon, et le Grimnoir, société secrète de résistants aux intentions louables mais aux méthodes discutables."
J'y ait vu l'enfant laissé de côté mais au final très beau de La fantasy urbaine et du genre Hard-Boiled avec un personnage de brute au grand cœur dans la personne de Jack Sullivan pris entre deux feux, tentant de garder son indépendance et tenant à ses principes. J'avais lu vite fait le 4e de couverture et me le suis fait offrir comme une "récréation" entre deux bouquins sur les celtes, l'histoire, la mythologie, etc. Ha ! Le roman m'a agrippé et j'ai eu du mal à le lâcher. C'est un véritable coup de coeur ! Je me suis attaché à Jack Sullivan mais aussi aux autres personnages secondaires et j'ai hâte de les retrouver dans les tomes 2 & 3 ! Foncez le lire c'est une bonne inspi pour du JDR pulp ou super héros (Allo la brigade chimérique ?

Je l'ai justement en attente dans ma bibliothèque. Je suis compliqué avec les livres, je dois souvent leur tourner autour, lire quelques pages, reposer, réessayer quelques semaines plus tard, ma femme dit que je lance les préliminaires pour que le désir monte, c'est à peu près ça. En attendant, ta critique relance mon intérêt !